Histoires de Français Libres - Le Premier Régiment d'Artillerie - Bir-Hakeim

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Le Premier Régiment d'Artillerie

 

Bir-Hakeim

 

Après des étapes rapides qui le conduisent de Damas à la frontière de Libye, le Régiment ne tarde pas à recevoir le baptême du feu. A Halfaya le 14 janvier 1942, ses tirs accompagnant les concentrations britanniques et les bombardements du groupe d'aviation «Lorraine» amènent la reddition de la position le 17 à 13 heures.

La brigade pousse vers l'Ouest, s'installe en point d'appui fermé à Mechili. Les britanniques décrochant de Bengazi, elle se rep'ie sur la ligne de Gazala à AlemHamza ; le Régiment étale ses batteries pour couvrir tout. le front.

Le 14 février, la brigade occupe la position de Bir-Hakeim, réduit sud de la ligne de résistance choisie par la VIII" Armée, môle avancé dans le désert, avec ses champs et ses marais de mines.

Le commandant Laurent-Champrosay surveille personnellement l'installation de ses batteries qui, aux quatre angles de la position, battent tout l'horizon. Les pièces sont enterrées profondément dans les périodes où elles ne sont pas en «Jock-Columns», raids audacieux qu'elles exécutent à tour de rôle, en appui des bataillons d'infanterie, à travers la Cyrénaîque pour harceler l'ennemi et le tromper sur !es intentions du commandement. A la monotonie du «drill» au milieu du réduit où règne le vent de sable, succède la course épique dans le désert. Là, un état d'alerte constant, des engagements imprévus, courts, rapides, avec l'infanterie portée et les blindés ennemis constituent une excellente école de dynamisme et d'initiative, qualités qui marquent le Régiment d'une façon définitive.

Le capitaine Bricogne est l'animateur de ces colonnes, participant à tous les engagements, sachant les créer au besoin par son audacieuse intelligence.

Chacune à leur tour, les batteries sont aux prises avec les chars ennemis ; le 14 mars, à Bir-el-Hamarin, la 1ère batterie serrée de près, réussit à se dégager par une habile manoeuvre menée par le capitaine Quirot et le lieutenant Emberger, immobilisant deux chars ennemis. Le 16 mars c`est au tour de la 2e batterie. Pour la première fois, les Allemands utilisent le char MarkIV. Le 15 avril, une forte sortie de chars allemands oblige la 4e batterie à se replier après un vif engagement.

Les deux batteries qui sont de sortie !e 26 mai se replient devant la poussée de l'Afrika-Korps. Rommel est décidé à atteindre le Nil et Suez, le pays des Mille et une Nuits.

Le 27 mai à 7 heures du matin, la légendaire bataille de Bir-Hakeim, celle où le monde a reconnu la France, se déclenche.

La part du 1er Régiment d'Artillerie y fut glorieuse, sinon prépondérante.

La 1ère Batterie, celle du capitaine Quirot, située au sud-ouest de la position, ouvre le feu dès le début sur les éléments ennemis se présentant dans le sud.

La 2" Batterie, commandée par le capitaine Chavanac l'imite par des tirs au nord de la position, quelques instants plus tard.

La 3'' Batterie, commandée par le capitaine Cufflet, épaule au nord-est l'action de la 1, Batterie à 9 heures. La 4" Batterie commandée par le capitaine Morlon engage au même moment le combat avec une grosse colonne de chars italiens se présentant dans le sud-est.

Cent chars attaquent la position ; certains réussissent àBombardement dans le Western-Désert.
traverser les champs de mines, contournent nos lignes d'infanterie et sont arrêtés par les canons qui tirent à vue directe. A 10 heures, le feu cesse : 33 chars restent sur le terrain ; 1 colonel italien et 90 soldats sont faits prisonniers. Le Régiment n'a aucune perte, mais la position est encerclée.


Batterie de 75 à l’ouest e Bir Hakeim - 1942

Les jours suivants l'artillerie ne chôme pas : une section soutient au nord avec plein succès, une importante patrouille d'infanterie le long des champs de mines. La 1" Batterie pousse un raid audacieux vers Rotonda Signali.

Le 2 juin après l'insolent ultimatum de Rommel fièrement repoussé par le général Koenig, le combat devient plus dur, l'encerclement est resserré.

Rapidement les ravitaillements en munitions deviennent impossibles : un dernier convoi réussit à passer venant des échelons qui le 27 se sont repliés en hâte de Bir-BouMaafès vers l'est, devant la menace immédiate des blindés. De jour en jour la pression ennemie s'accentue. Les attaques d'infanterie se renouvellent incessantes sur toutes les faces de la position cherchant le point faible. Les batteries lourdes ennemies se mettent en action, hors de portée de nos 75 et commencent une contre-batterie précise et meurtrière. Nos pièces sont particulièrement visées par l'aviation de bombardement ennemie.

Bientôt les mitrailleuses lourdes ennemies peuvent prendre directement à partie nos servants, nos ravitaillements en munitions, nos évacuations sanitaires.

Mais, aux pièces, officiers et canonniers s'affairent, exécutant minutieusement tous les tirs demandés par les observatoires ou le P.C. du Régiment. Malgré les pertes très lourdes, l'entrain reste magnifique, car tous les coups portent. Les canonniers suivent l'évolution de la bataille par les comptes rendus des observatoires, qui signalent les destructions ou le fauchage causés dans les rangs ennemis. La vie n'est pas facile pour les observateurs : tel celui du nord occupé par le capitaine Chavanac qui, le 8 se voit entouré par l'ennemi ; toute la journée il est considéré comme disparu. Le soir, son observatoire partiellement dégagé, il rétablit lui-même la liaison venant à pied faire son rapport. Les téléphonistes, toujours sur la brèche, réparent les lignes coupées constamment, en pleine vue de l'ennemi qui les pourchasse comme du gibier. Les mouvements de munitions sont exécutés par les pourvoyeurs avec la même abnégation, mais rapidement les dépôts se vident : la partie devient inégale.

Le 9 au soir, les munitions, l'eau, les vivres sont pratiquement épuisés.

Le 10 dans le brouillard de l'aube, le Régiment ne tire que par spasmes, sur des objectifs certains. A 13 heures, cent cinquante Stukas pilonnent Bir-Hakeim, les assauts terrestres se succèdent sans relâche de tous les côtés. Les fantassins y tiennent tête aidés par nos batteries où tant d'hommes gisent inanimés. A 18 heures, nouvelle attaque de Stukas.


Canon de 75 atteint par un coup direct à Bir-Hakeim - 1942

L'ordre de repli arrive : il est clair et net : «La 1ère Brigade sortira de vive force cette nuit de la position. Elle s'ouvrira un passage vers le sud-ouest les armes à la main.» II ne pouvait en être autrement.

C'est la fin : à minuit, sous le feu ennemi, dans le vrombissement des moteurs des camions encore intacts, parmi les balles qui sifflent et les mitrailleuses qui crépitent, dans un bruit infernal d'éclatements de grenades auquel se mêlent les cris de la troupe, s'effectue la prestigieuse sortie où chacun avec calme, accomplit simplement son devoir de soldat. Les flammes des véhicules en feu rougeoient le brouillard, la fumée et la poussière et sur cette toile de fond, les fusées éclairantes et les balles traceuses dansent une sarabande folle. Les hommes et les voitures bondissent par saccades et se détachent en ombres chinoises, spectacle étrange, sorti de l'imagination d'un Dante. De temps en temps, une lueur plus vive illumine la face de ces soldats qui viennent de redonner courage à la France.

Le lendemain le Régiment compte ses pertes : le sous-lieutenant de Rauvelin, les aspirants Rosenwald et Chambon qui sont tombés à leur pièce, le capitaine Gufflet qui, pendant la sortie, a été tué dans son auto-mitrailleuse ; puis le capitaine Bricogne mortellement atteint alors qu'il nettoyait à la grenade un nid de mitrailleuses ; le lieutenant Bourget, serre-file de la colonne, est abattu au cours de sa mission. Enfin le lieutenant Kervizic qui, grièvement blessé, succombera deux mois plus tard en captivité : il faut ajouter à ces noms, ceux de nombreux sous-officiers et canonniers dont les tombes jalonnent le désert.


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Dernière mise à jour le mardi 02 novembre 2004


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