Histoires de Français Libres - Le Premier Régiment d'Artillerie - France

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Le Premier Régiment d'Artillerie

 

France

 

Les navires de matériel, puis l'escadre, enfin les transports de troupes quittent Brindisi et Tarente. Cet énorme convoi défile devant Malte et Pantelleria, passe en vue du cap Bon, pointe extrême de la Tunisie, longe la Sardaigne et la Corse : le temps est splendide et le 16 août, le débarquement s'effectue rapidement en "Landing-Craft", dans la baie de Cavalaire.

La 1re D.F.L. relève face à Toulon les commandos français et les unités américaines. Le 19, le Régiment prend position devant Hyères. L'ennemi résiste: il dispose des forts qui entourent la ville, de nombreuses batteries et d'une garnison considérable.

Pendant une semaine, de durs combats se déroulent: les batteries interviennent sans cesse pour anéantir les organisations ennemies.

Le 21 août, le mont Redon tombe, après une lutte particulièrement sanglante. Le même jour, après une concentration exécutée par tous les groupes, sur le Golf-Hôtel d'Hyères, où se trouvaient retranchés d'importants éléments adverses, l'infanterie et les fusiliers-marins précèdent le Régiment dans la plaine de la Crau, puis le 22, sur la crête du Touar où les batteries ennemies de 88 tirent à bout portant. Elles sont réduites au silence. Le 23, La Garde, le 24, Saint-Jean-du-Var, le 25, le cap Brun, sont occupés après maints épisodes glorieux. L'aspirant Philippe, un des premiers ralliés de 1940, est tué alors qu'il se rendait à l'observatoire.

La bataille se fait plus dure. Aux abords de la ville, l'ennemi encerclé résiste avec acharnement. L'artillerie tire sans cesse pour appuyer les attaques et pilonner les batteries du cap Brun, de Sainte-Marguerite, du fort de Lamalgue qui se rendent tour à tour.

Enfin, le Régiment secondé par la marine alliée écrase les tourelles de Saint-Mandrier. La bataille de Toulon est terminée.

La division reçoit alors la mission de poursuivre l'ennemi en retraite sur la rive droite du Rhône, mais il faut attendre que des ponts temporaires soient lancés. Le 29 août, le Rhône est franchi près d'Avignon. Après un regroupement dans la région de Remoulins et Uzès, c'est sous la pluie, une étape éclair de vingt-quatre heures sans interruption, par les hauts cols des Cévennes vers Saint- Etienne, au milieu des populations enthousiastes qui saluent les premières troupes françaises.

Le 2 septembre au soir, les batteries arrivant sur Lyon par l'ouest sont prêtes à tirer: la ville est libérée dans la journée du 3, et le 5 septembre, le Régiment défile dans la ville, acclamé par une foule délirante. Le 15, son Etendard est présenté au défilé des troupes à Dijon. Puis la 1re Batterie, appuyant le 1er Bataillon de Légion Etrangère pousse jusqu'à Autun. Plus de 3 000 prisonniers sont faits dans cette opération.

Le contact est repris avec l'ennemi entre Villersexel et Baume-les-Dames . Le 19 septembre, le Régiment se retrouve en ligne. La division progresse vers l'est. Plusieurs positions sont occupées successivement aux environs d'Athesans, de la Vergenne, puis la résistance ennemie s'accroît, et les tirs des groupes d'appui direct, sous les ordres du lieutenant-colonel Maubert, permettent la conquête de Moffans, Lyoffans, Andornay, Magny-Jobert, Frédéric-Fontaine, Clairegoutte, Lomontot et des bois touffus qui entourent ces localités.

Le Régiment se déplace le 30 septembre vers le nord entre la Côte et Le Thillot. Après une lutte ardente et des pertes sévères, Ronchamp est pris le 2 octobre.

Dans le courant de ce mois, aucun grand mouvement n'a lieu : c'est une guerre de position, dure pour les hommes, car il pleut sans cesse : pièces et véhicules s'enfoncent dans la boue, et la neige fait sa première apparition.

Champagney, Auxelles-Bas où sont retranchés de nombreux éléments ennemis et les observatoires placés sur les crêtes dominant la vallée de Plancher-les-Mines sont pilonnés sans cesse. L'offensive sur Belfort et Mulhouse se prépare. Elle a lieu dans un terrain difficile, dans la boue et la neige. Une grande quantité de mines et de pièges accumulés par l'ennemi pendant un mois rend la tâche aussi hasardeuse que pénible. Le 19 novembre, le front est enfoncé. Champagney dépassé dans un premier bond, le Régiment se déploie dans la vallée de Plancher-Bas.

Le 20 novembre, en pleine action offensive, la division perd son chef, le général Brosset. Le Régiment en deuil défile au crépuscule à l'endroit même où vient de tomber le fougueux animateur qui, depuis la Tunisie, a conduit la 1re D.F.L. à la victoire.

La lutte redevient ardente devant Giromagny, dont la prise ouvrirait la voie vers Thann et balaierait la menace qui pèse sur l'axe de marche des divisions bindées en route vers Mulhouse. Dans une phase de ce coup de boutoir, le capitaine Messager, en liaison avec les éléments avancés d'infanterie du B.M. 24, est tué.

Le 24, cependant, Giromagny tombe, puis dans une dernière ruée, la division sous les ordres de son nouveau chef, le général Garbay libère Grosmagny, Etueffont, Rougemont, atteint Massevaux et Thann. La plaine d'Alsace est atteinte.

C'est une nouvelle épopée qui vient de s'inscrire au tableau du Régiment. Sous des pluies glaciales et continuelles, dans une boue montant jusqu'aux essieux des camions, il a manoeuvré aussi vite que sous le soleil d'italie. Le 1er R.A. a perdu maintenant tous ses éléments noirs et vient de donner le baptême du feu aux jeunes Français qui de Toulon à Lure se sont précipités dans ses rangs et se montrent dignes de leurs anciens.

Trempé, transi, meurtri aussi, le Régiment est mis au repos par fractions.

Le 11 décembre, à Luxeuil, le Régiment est représenté par deux de ses groupes à la prise d'armes des adieux de la division au général d'Armée de Lattre de Tassigny, commandant la ce Armée Française.

Rattaché aux Forces Françaises de l'Ouest du général de Larminat, il se dirige sur la Gironde où une offensive contre les ports de l'Atlantique est envisagée.

Les batteries à peine installées, la division est brusquement rappelée en Alsace le 26 décembre pour relever la 2e division blindée du général Leclerc qui doit se rendre dans la région de Bitche, en appui des Américains qui subissent dans les Ardennes l'offensive du maréchal Von Runstedt. Le retour est effectué à la même vitesse que l'aller : par un froid terrible, les colonnes traversent l'Ouest et le Centre gelés, puis arrivant aux Vosges, y trouvent la neige et l'hiver déjà solidement installés.

Les 1er et 2 janvier 1945, le Régiment s'établit entre Sélestat et Erstein. Le secteur est soumis de tous côtés à la pression allemande et le front tenu par la division est très étendu.

Cependant, dans la nuit du 6 au 7 janvier, éclate une très violente canonnade ; c'est une attaque allemande de grande envergure qui se déclenche et dont le but est de reprendre Strasbourg, capitale politique et géographique de l'Alsace. La 4e brigade d'infanterie, appuyée par le groupement Jonas, composé de huit groupes d'artillerie supporte le choc. L'ennemi a massé des troupes et des engins blindés dans la poche de Colmar. Il porte son effort vers le nord entre le Rhin et l'Ill. La situation est critique dès le début de l'action. Les pointes avancées sont submergées et se replient sur la garnison d'Obenheim un autre point fort est constitué par les deux villages voisins de Herbsheim et de Rossfeld. Les observatoires isolés signalent par radio dans la matinée du 7, la manoeuvre de chars allemands de 60 tonnes appeés "Köniqstiqer" (Tigres Royaux) armés de canons de 88, dernière création et orgueil du corps blindé allemand.

Pendant quatre jours, la lutte est ardente et sans répit pour les troupes encerclées et pour les groupes d'artillerie qui, par leurs tirs massifs, infligent de grosses pertes aux assaillants d'Obenheim et sauvent les garnisons de Rossfeld et d'Herbsheim. Dans ce dernier village, se trouve une batterie du Régiment. Elle perd trois de ses pièces au début de l'attaque, avec 4 tués et 17 blessés, mais sous l'énergique impulsion du lieutenant Ravix, elle détruit un char allemand, des transports d'infanterie chenillés à quatre-vingts mètres, combat avec ses armes portatives dans les rangs des fantassins tandis que la section anti-chars du Régiment se distingue en stoppant net par des tirs à vue, toutes les attaques allemandes de blindés. Une autre batterie située à Heussern est également attaquée par des chars.

A Obenheim, pendant quatre jours également, les troupes encerclées se battent pied à pied. Tous les observateurs d'artillerie disséminés dans la plaine se replient dans le village encerclé, et communiquent au commandement, les renseignements sur les mouvements ennemis mais le 10 au soir, une attaque convergente d'infanterie appuyée par des chars pénètre jusqu'au coeur du village, et c'est enfin le silence sur des maisons en flammes où gisent plus de 200 tués et blessés dans la neige, tandis que les dernières munitions sautent et que brûlent les véhicules incendiés par leurs chauffeurs. Cette défense héroique a brisé l'élan de l'ennemi qui s'arrête devant Kraft et Benfeld, après avoir subi des pertes très lourdes.

Au cours des jours suivants, les attaques reprennent et des agents ennemis, que l'on ne décèlera jamais malgré des rondes et des patrouilles, coupent sans cesse les fils téléphoniques entre les batteries. Ils aident même au réglage des tirs ennemis, et c'est ainsi que dans la brume, certaines batteries du Régiment sont pilonnées sans cesse alors qu'elles occupaient des positions d'où elles n'avaient jamais tiré.

Le lieutenant Michel Faul est tué à son poste de commandement au cours d'un de ces bombardements. Il était également de ces jeunes qui avaient rejoint le général de Gaulle en Angleterre dès le mois de juin 1940.

Malgré ses attaques, malgré les agissements de ses partisans, l'armée allemande restera sur les rives de l'Ill qu'elle ne pourra franchir. La menace contre Strasbourg est écartée.

Enfin, le 23, après un remaniement de dispositif et de considérables renforts d'artillerie, le 2e Corps d'Armée attaque en direction de Marckolsheim successivement, l'Ihaeusern, Elsenheim et l'Illwald sont pris. Quoique le froid soit intense, l'activité dépasse celle du début du mois et les piper-cubs volent sans interruption : batteries, colonnes en marche, chars, ouvrages, rien ne leur échappe. La résistance de l'ennemi est opiniâtre, mais notre infanterie avance pas à pas elle combat devant chaque bois, chaque boqueteau, chaque haie. Un mouvement tournant effectué au nord par un combat-command blindé achève la déroute allemande. Finalement, grâce à un tir fusant d'une précision extrême, soutenu pendant des heures, le pont de Marckoisheim, clé de a ville, tombe intact entre les mains des fusiliers-marins. Les blindés s'y engouffrent, marchant vers Neufbrisach. Le 3 février, la 1re D.F.L. est sur le Rhin.

Pendant quelques semaines encore, le Régiment monte la garde sur le fleuve effectuant des tirs de représailles en terre allemande pour répondre aux bombardements de Sélestat.

Le 11 février, à Saverne, l'étendard victorieux est présenté une nouvelle fois au général de Gaulle.

C'est maintenant aux environs de Sainte-Marie-aux-Mines que le Régiment se porte, par fractions, pour y goûter quelques jours de repos et dès le 7 mars, le voilà de nouveau en route pour les Alpes cette fois, avec la division tout entière.

Plus que jamais, il va s'y articuler en groupements séparés et qui comprendront parfois des éléments étrangers et jusqu'à des canons pris à l'ennemi. Ce sont des opérations de caractère local qui sont entreprises en divers ponts du front des Alpes, pour fixer d'abord, battre ensuite, un ennemi installé sur les crêtes, dans les forts et dans les hautes vallées qui bordent la frontière d'italie.

Au Nord, le groupement du commandant Crespin opère en Haute-Tarentaise à la fin de mars par mauvais temps, puis se porte en Maurienne pour soutenir une demi-brigade de chasseurs, enfin, en Ubaye contribue à repousser l'ennemi jusqu'au col de Larche.

Le 10 avril, le lieutenant-colonel Maubert soutient l'attaque de la 4e Brigade pour prendre le massif de l'Authion avec en position à Peyracave le groupement Marsault (3 Groupe renforcé de batteries de tous les autres groupes) tandis qu'au Nord, le groupement Morion appuyant des éclaireurs skieurs fait diversion par ses tirs en Haute- Tinée et en Haute-Vésubie et qu'au Sud le groupement Chavanac opère sur la Riviera italienne.

Tour à tour, les forts de l'Authion : la Forca, Mille Fourches, Plan Cavai, la Béole, tombent sous les tirs massifs d'obus explosifs et fumigènes. Puis les batteries sont déplacées et sur l'Authion même, occupent des positions acrobatiques et dangereuses, l'une d'elles à moins de mille mètres des Allemands. Elles tirent sur Tende et San-Dalmazzo en Italie. La Vallée de la Roya est conquise.

Le 25 avril, c'est une dernière relève, par des éléments de montagne. Le Régiment est au repos dans la plaine où le trouve la capitulation de l'Allemagne. Deux pièces du Régiment en batterie sur la place Masséna à Nice, tirent les 101 coups de canon de la Victoire.

La campagne du 1er Régiment d'Artillerie est terminée. Devenant le 1er Régiment d'Artillerie Coloniale, il prend jusqu'au 30 mai un repos mérité, puis fait mouvement vers la région parisienne. Le 18 juin 1945, avec ses quatre groupes et tout son matériel, guidé par le colonel Bert qui l'a commandé pendant toute la campagne de France, il passe sous l'Arc de Triomphe de l'Etoile et défile devant le général de Gaulle, à qui pendant cinq ans, dans les pires moments de la tourmente, il a toujours répondu "Présent !"


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