Au printemps 1941, les Balkans, puis la Crête sont envahis par la Wehrmacht. La guerre prend de plus en plus d'extension. De nombreux combats attendent encore les Spahis. Des nouveaux renforts sont indispensables.
En avril, arrive un contingent de Marocains. Ce sont des "chevronnés". Ils ont déjà fait Campagne en Belgique et dans les Flandres et ils ont rallié les Forces Françaises Libres après avoir vécu l'enfer de Dunkerque. La plupart d'entre eux ont déjà été blessés et sortent à peine des hôpitaux britanniques.
Il faut encore de nouveaux renforts. C'est pourquoi un Capitaine avec quelques Cadres européens, part en hâte lever un Escadron parmi les tribus cavalières et guerrières du Soudan et du Tchad. Le 1er Groupe d'Escadrons de Spahis est formé.
Pendant ce temps, l'Escadron Marocain, descendant le Nil, rejoint l'Egypte, puis la Palestine où il est mis à la disposition du Colonel qui commande les éléments de cavalerie de la Division Française Libre (1re DFL) qui doit pénétrer en Syrie. Campagne pénible et meurtrière au cours de laquelle nos pertes sont très élevées en Officiers, en SousOfficiers et en Hommes de Troupe.
L'un de nos Officiers, grièvement blessé au cours des combats de Najah le 15 juin 1941, est fait prisonnier. Il s'agit précisément de celui qui avait déclaré que, si nous étions battus, il préférait aller vendre des cacahuètes en Argentine plutôt que de rentrer en France pour y subir le joug des Allemands ! Par la suite cet Officier parlera sans aménité de la manière dont il a été traité à la prison de Damas avant d'être envoyé à... la prison d'Alep et, de là, expédié par avion... en France. Il a surtout été impressionné par la quantité d'avions allemands qu'il a vus sur le terrain d'Athènes. Là, du moins, il en a imposé aux Allemands. L'Officier Allemand qui est son voisin de lit n'arrive pas à comprendre comment il a un Officier Français à ses côtés. Lorsque les explications nécessaires lui auront été données, l'Officier Allemand lui répondra simplement : "Je comprends et j'aurais probablement fait comme vous". Notre Camarade aimait rappeler cette conversation qui n'était pas faite pour entamer sa résolution, ni diminuer sa constance dans l'épreuve ! Il aimait aussi rappeler la déconvenue du gendarme qui, après l'avoir accompagné d'Alep à Marseille, avait dû revenir avec lui en Syrie après l'Armistice de Saint-Jean-d'Acre. Il aurait tellement préféré "une bonne petite brigade en France !" Cet Officier sera massacré par la foule déchaînée à laquelle il fait face pendant les douloureux événements de l'année 1945 en Syrie.
Le respect de la vérité oblige de préciser que notre Camarade avait déjà été condamné à mort par le Tribunal Militaire d'AIep, constitué en Cours Martiale, pour "trahison", le 30juin 1941 !...
Cette page est la plus douloureuse de l'histoire du Régiment; mais tout ne devait-il pas être fait pour éviter de voir les Allemands s'installer dans cette région ?