Le 6 mars à l'aube, des bruits suspects et des mouvements de véhicules sont signalés dans la vallée de l'oued El Kheil et plus au nord par un détachement avancé de la Colonne Volante. A 7h45, l'attaque allemande débouche. Le Chef d'Escadron Roumiantzoff, Adjoint au Commandant Rémy, se porte aussitôt vers le nord avec les autos-canons et une section de chars (Aspirant Galley), en renfort du 1er Escadron d'A.M. et de la section de chars Malin, déjà en place La section Malin est lancée en contre-attaque pour dégager la vallée de l'oued Gragour, vers laquelle se dirige une partie des éléments ennemis.
Le gros de la 1re Compagnie, aux ordres du Capitaine Divry, et le reste de la Colonne Volante rejoignent avec le Commandant Rémy. Cependant, des éléments ennemis se dirigeant vers le sud mettent en position critique l'échelon "A" de la Colonne installée à proximité de la route de Foum Tatahouine. La réaction rapide et le tir précis de l'autocanon antichars "PAK" du Sergent Baudry, puis le feu des A.C. du Capitaine de Courçel arrêtent la progression de l'adversaire et lui barrent la route. La section de chars Touny et le peloton d'A.M. Moore sont placés en renfort des A.C. L'artillerie ennemie prend violemment à partie la crête 7156 et détruit deux A.C. du peloton Ballarin.
La 1re Compagnie de Chars, regroupée derrière cette crête, contre-attaque alors, mais à son débouché dans la plaine, elle est reçue par des tirs ajustés d'armes anti-chars. Deux chars de la Section du Lieutenant Beaugrand sont touchés, le Caporal Lafontaine, les Chasseurs Imberdis et Golhen sont tues.
La section de l'Aspirant Galley s'infiltre alors par l'oued pour prendre de flanc les résistances ennemies.
L'ennemi est alors arrêté et se tient en position défensive jusqu'au milieu de la journée, se contentant de soumettre nos positions à de violents bombardements d'artillerie. Au début de l'après-midi, des mouvements d'infanterie ennemie sont aperçus sur les pentes sud des crêtes avoisinantes. Pour éviter d'être tourné, le Commandant de la Colonne donne l'ordre de repli par échelons sur les pentes nord du djebel Chafiet El Chaba. A 15 heures, la nouvelle position est occupée et organisée.
Jusqu'à 1 7h30, l'activité ennemie se réduit à des tirs de 88 qui détruisent encore une A.M. et une A.C. et tuent le Caporal Rouyer de la Section Beaugrand Cependant, au loin sur notre droite, quatre chars et une A.M. ennemis sont aperçus traversant la route et se dirigeant vers le sud-est. Un détachement formé de la Section de chars Malin et du peloton d'A.C. Ballarin est envoyé dans cette direction et patrouille entre la route et le djebel Mzar. Cette menace de débordement n'aura pas de suite, les blindés ennemis s'étant retirés. La Colonne Volante, ne disposant pas de protection d'infanterie, se replie pour la nuit un peu plus au sud sur la route de Foum Tatahouine.
Le lendemain 7 mars, aucun mouvement ne se manifeste dans la zone des combats de la veille. La Colonne Volante, en deux échelons mixtes, se porte vers les positions précédemment tenues par l'ennemi. Elles ont été évacuées. Néanmoins, une A.M. et une A.C. Sautent sur des mines que les Allemands ont placées avant de partir. A 16 h 30, la liaison est prise avec un élément de reconnaissance Néo Zélandais venant de Médenine.
La bataille est terminée. Les jours suivants, 8, 9 et 10 mars, la Colonne Volante reste sur place, assurant la surveillance de la montagne et de la région avoisinante.
L'ennemi a perdu :
3 chars, dont un Mark IV,
1 canon de 75 sur affût automoteur Skoda,
1 véhicule blindé de transport.
En outre, 2 autres chars et 2 canons de 50 auto-moteurs ont été atteints et ont subi probablement des détériorations importantes, Sans compter les autres véhicules plus ou moins gravement endommagés que l'ennemi a pu emmener.
Les pertes de la Colonne Volante ont été les suivantes :
5 tués, dont 4 à la Compagnie de Chars,
14 blessés évacués 6 disparus (patrouille avancée des Spahis),
4 chars détruits ou gravement endommagés,
3 A.M. détruites dont une par mine,
3 A.M. capturées,
4 autocanons détruites, dont une par mine.
Nous avions eu affaire encore une fois au groupe "Kiel" de la 21e Panzer, auquel la Compagnie s'était déjà heurtée à El Himmeimat, quatre mois plus tôt, à plus de 2000km de là.
La conclusion et l'appréciation de l'action de la Colonne Volante dans cette bataille fut donnée par le télégramme adressé le 7 mars par le Général Freyberg, commandant la Division Néo~Zélandaise, au Commandant Rémy :