En août 1942, le 1er Groupe de Reconnaissance est envoyé au sud-est du Caire, en direction du Fayoum, d'où une action ennemie est toujours possible.
Le 2e Groupe de Reconnaissance est mis à la disposition d'une division blindée britannique et tient position à l'extrême sud du front de la 8' Armée Britannique. Il comprend un Escadron d'Automitrailleuses, un Escadron d'Autocanons et la 1re Compagnie de Chars . Les mois de septembre et d'octobre sont occupés à de multiples reconnaissances le long de la falaise surplombant la dépression de Kattara. Pour obtenir des renseignements plus précis, nos Spahis sont obligés de combattre le plus souvent à pied, d'escalader de nuit "l'escarpement" malgré les sentinelles ennemies chargées de le surveiller. La plupart du temps ils ne peuvent se dégager qu'à la grenade, voire à l'arme blanche.
Enfin la grande offensive d'El Alamein se déclenche. Le 2e Groupe de Reconnaissance est mis à la disposition de la Brigade de Légion (13' D.B.L.E.) chargée d'effectuer une attaque de diversion en direction de l'observatoire ennemi d'EI Himeimat. A la nuit tombée un Escadron d'auto mitrailleuses est rattaché au 1er Bataillon de Légion qui doit attaquer vers l'ouest à travers deux champs de mines puis, se rabattre vers le nord pour prendre d'assaut le plateau de Taqa. Les automitrailleuses devront éclairer la progression vers l'ouest puis couvrir, face à cette même direction, l'attaque de l'infanterie vers le nord.
Durant la première partie de l'opération l'ennemi ne réagit que par son artillerie. La Légion se déploie alors et marche sur son objectif final.
Seules des patrouilles allemandes et le bruit des combats qui se déroulent au nord troublent la nuit. Au matin, notre Infanterie qui n'a pu prendre pied sur le plateau doit se replier. Les automitrailleuses des Spahis protègent son mouvement.
Mais voici que les véhicules de la Légion sont attaqués par des chars allemands qui ont réussi à se faufiler dans la dépression de Kattara. A peine l'un de nos pelotons a-t-il été dirigé par le sud-est pour parer à cette menace qu'une importante colonne ennemie est aperçue descendant du plateau de Taqa. Ce sont des chars ennemis du Groupe Ramke. Ces chars se déploient immédiatement et attaquent face à l'ouest.
Vers 10 h 30 l'attaque ennemie se précise; elle est menée d'est en ouest. A 1000 mètres environ le feu est ouvert du côté Français. Plusieurs chars ennemis sont détruits par des coups directs au but. La situation devient critique lorsque surviennent les chars de la 1re Compagnie dont l'action, parfaitement opportune et efficace, permet de dégager le flanc sud qui était de plus en plus menacé par les Allemands.
L'ennemi a été très surpris par sa chaude rencontre avec nos blindés. Devant l'attitude résolue de nos éléments qui tirent sans discontinuer, il se met sur la défensive. Nos automitrailleuses et nos chars ont alors l'impression assez inattendue de rester maîtres du terrain.
Pendant ce temps, les autres éléments des Spahis ne sont pas restés inactifs. L'un de nos pelotons d'autocanons, placé sous les ordres directs du Lieutenant-Colonel auquel incombait l'attaque, accompagne le 2e Bataillon de Légion Etrangère. Les fantassins qui ont réussi en dépit d'une violente réaction ennemie à prendre pied sur le plateau de Taqa sont contre-attaqués par des chars. Les auto-canons interviennent alors et, malgré un intense bombardement d'artillerie, prennent à partie les engins blindés ennemis. Ils en détruisent plusieurs et obligent les autres à céder le terrain.
Le bilan de la journée se solde par un échec puisque les fantassins, en raison du mordant de l'ennemi et de l'extrême difficulté du terrain n'avaient pas réussi à se maintenir sur leurs objectifs. Mais partout les Spahis s'étaient imposés à l'ennemi et leur action avait sauvé de la destruction l'infanterie d'attaque.
Quelques jours plus tard une revanche éclatante s'offre à nos troupes: le front de l'Afrika Korps s'étant effondré, les blindés de Montgomery peuvent enfin s'élancer à la poursuite de l'ennemi transformant sa retraite en déroute. Au cours de ces opérations nos Spahis, rattachés à la 44th lnfantry Division retrouvent une des plus belles et des plus traditionnelles missions de la Cavalerie: l'exploitation du succès. Chaque jour, les prisonniers allemands et italiens affluent par centaines, à telle enseigne qu'il est devenu impossible de les convoyer: une simple indication de direction suffit et le troupeau s'ébranle vers nos arrières à la recherche d'un parc à prisonniers hospitalier.