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Réseau JADE Je crains que le débat focalisé sur Claude Arnould nous éloigne de Claude Lamirault. Mais il est vrai que l’intérêt qu’on peut y porter n’est pas mineur.
À toutes fins utiles, il est bon de rappeler que Lamirault et Arnould se trouvent à servir l’Intelligence Service selon des voies très différentes.
Lamirault souhaite à l’automne 1940 s’engager parmi les forces favorables au général de Gaulle. Mais, quand il arrive à Londres, les services de renseignement de Passy donnent encore dans l’improvisation Il préfère alors opter pour l’IS où il a déjà des contacts en la personne des frères Archibald, qui ont séjourné en France pendant la « drôle de guerre » et avaient été hébergés dans la pension de famille tenue par ses parents à Maisons-Laffitte.
Arnould en vient pour sa part à se rattacher à l’IS après sa rencontre de Philippe Keun en 1942. Il a bel et bien travaillé sous la direction du colonel Lainey avant sa faillite (voir « Le réseau Jade » qui contient les documents et témoignages à ce sujet).
Amouroux a été un informateur occasionnel (P1 et non P2, comme vous le dîtes) de Gustave Souillac. Ses informations ne portaient pas sur des aspects stratégiques, mais sur des aspects relatifs à l’état de l’opinion, comme on disait dans les préfectures. C’est Souillac qui en a attesté. Il n’existe pas, dans les archives du réseau Jade, un récit d’Amouroux lui-même, ni dans ses ouvrages. D’où ma distinction entre documents et rumeurs.
Passy rencontre Arnould à Londres, après la guerre en 1945, selon ce qu’il en dit lui-même. Il ignorait alors et a toujours ignoré l’appartenance d’Arnould à l’IS. Cette appartenance est pourtant certifiée en bonne forme, le 5 septembre 1944, par le Commander RNVR Wilfred Dunderdale (MI6), par de nombreuses archives et par une bonne dizaine de témoins directs, dont Pierre Hentic, un des piliers de JADE auprès de Lamirault.
Je cite Dunderdale : « This is to certify that the bearer of this letter, Claude Arnould, has been employed in our services during the period June 1942 to september 1944 and that he was wounded in the performance of his duties ». On ne peut être plus clair. Il existe d’autres certificats de même nature en 1945, dont celui établi à l’occasion de la remise de la croix du Distinguished Service Order. Il me semble que les Britanniques étaient les mieux placés à l’époque pour apprécier la qualité du travail accompli par Arnould.
C’est avec intérêt que je prendrai connaissance des documents que vous proposez de m’adresser (Maurice Travers et de Dewavrin-Passy). KERVELLA André le mercredi 10 mars 2021 Contribution au livre ouvert de Claude Maurice Jean Lamirault | |