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Le Journal de guerre d’un caporal du bataillon des guitaristes (extraits)
Bir Hakeim (23 mai – 15 juin 1942)
par Gaston Rabot
www.france-libre.net
"Mercredi 3 juin 1942, 391e jour (et mardi 2 juin, 390e jour)
Il est environ trois heures de l’après-midi, je n’ai pas pu faire mon journal hier, la journée a été trop mauvaise. Hier matin, j’ai eu un peu de travail. Sur le coup de midi, le vent de sable s’est levé. Un temps épouvantable, on ne pouvait voir à 10 mètres. Sur le coup d’une heure de l’après-midi, trop de nouvelles. Une colonne allemande a fait une manoeuvre pour encercler notre position. À Bir Hakeim, grand branle-bas. Nos 75 tirent sans arrêt ; en revanche, on reçoit des pruneaux de 155. Obligé de rester dans le trou. Avec ça, les mouches, chaleur terrible, en un mot l’enfer. Non vraiment, je ne peux pas raconter toutes les souffrances que l’on supporte. On est tout dépaysé, notre bataillon n’est pas avec nous.
J’étais dans le trou avec Lemaître, Gazengel, Réveillon et, à un moment, l’adjudant Magnier. Ce dernier profite d’un moment d’accalmie pour aller aux nouvelles. Il revient en nous disant que notre bataillon fait demi-tour pour nous rejoindre, puis qu’il y a eu des morts, plusieurs blessés et plusieurs camions brûlés, cela ne nous met pas de baume au coeur. Il nous recommande de rester dans le trou toute la nuit. Nous sortons du trou en vitesse pour aller dans le camion chercher nos couvertures. J’en profite pour sortir ma petite valise contenant mon journal. Nous nous installons dans le trou ; nous sommes trois, nous sommes obligés de recouvrir le trou avec des couvertures, retenues par des sacs de sable pour que le vent de sable ne rentre pas. Quelle chaleur ! Je peux à peine me retourner, mes épaules touchent les côtés du trou. Gazengel est obligé de mettre ses jambes sur les miennes." laurent le mercredi 16 décembre 2015 Contribution au livre ouvert de Edouard Joseph Magnier | |