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Arrivée de Michel Bommelaer a Auschwitz (Extrait de "Michel Bommelaer, en ces années là")
"Le train s'arrête une nouvelle fois. C'est l'après midi du quatrième jour, cela fait quatre-vingt dix heures que le train est parti de Compiègne. Rien ne se passe. Le convoi reste immobilisé. A l'intérieur du wagon, l'air est irrespirable; c'est un mélange saturé d'odeurs de tinette et de transpiration.
Une heure, peut être deux, s'écoulent ainsi. La fin de l'après midi approche lentement. Ceux qui sont postés aux lucarnes du wagon aperçoivent des S.S. qui s'alignent des deux cotés de la voie. Aux hommes assoiffés qui leur réclament de l'eau dans leur mauvais allemand, ils répondent par des rires. Et puis, tout à coup, un bruit de cadenas et la porte qui s'ouvre. La lumière inonde le wagon. Les hurlements des gardes et les coups de matraque ont vite fait de secouer la torpeur des détenus. Tout le monde crie. les S.S. pour accélérer le mouvement, les français pour presser leurs camarades et éviter ainsi d'être assommés. Quelques soldats montent dans le wagon pour réveiller les trainards. Ils ne trouvent que des mourants et des cadavres. Michel Bommelaer est pris dans le flot et saute à terre. Totalement hagard, il suit le troupeau humain qui se rassemble. Le lieu ressemble à une gare perdue. Ou plutôt à un grand quai où l'on décharge sans ménagement du vulgaire bétail. Sur le quai grouillant de S.S. Michel Bommelaer cherche machinalement une plaque pour savoir où il se trouve. A une centaine de mètres du quai, il distingue un vaste camp. Au cenre de l'enceinte clôturée de barbelés, il voit une sorte de porte coiffée d'une tour carrée au toit triangulaire. Au loin se trouvent des bâtiments en dur, avec des cheminées qui crachent des flammes rouges dans le ciel. Depuis le débarcadère, une route et une voie ferrée conduisent à l'entrée du camp dont il apprendra le nom dans quelques heures: Auschwitz Birkenau." Hervé Bommelaer le jeudi 09 septembre 2010 Contribution au livre ouvert de Michel Foch Paul Bommelaer | |