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En Martinique en 1941 " Du jour au lendemain, les peines prononcées s'alourdissent. Certaines sont démesurées: pour une parole hostile à Pétain ou favorable à de Gaulle, l'on encourt cinq ans de prison. La justice est expéditive. Et la délation bat son plein. L'anthropologue Claude Lévi-Strauss a décrit dans Tristes Tropiques comment, après son arrivée à Fort-de-France, en 1941, il a assisté au procès d'un autochtone impliqué dans une rixe: le malheureux est condamné, en cinq minutes, à huit années d'emprisonnement. Quant à la police, elle est connue par la population sous le nom pur et simple de «Gestapo». Celle-ci persécute non seulement les personnes soupçonnées de sympathies à l'égard du gaullisme, mais également un certain nombre de boucs émissaires. Parmi eux: les commerçants libanais et syriens, auxquels on interdit le porte-à-porte, mais aussi les francs-maçons et les juifs. Quoique très peu nombreux, ces derniers sont persécutés avec un zèle incroyable. Les lois antisémites métropolitaines sont transposées et appliquées à la lettre. Juifs et francs-maçons sont recensés et leurs biens, confisqués. " Jacques Ghémard le dimanche 28 juin 2009 Contribution au livre ouvert de Claude Levi Strauss | |