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Extrait de À FORCE DE VAINCRE, de jacques Bauche "L'un de mes officiers, l'Enseigne de Vaisseau Ballabriga, détaché en première ligne, pour des missions spéciales, avec un petit groupe de matelots de mon escadron, dont je n'avais pas besoin à l'arrière, est venu cet après-midi me rendre compte de son activité. Il fut envoyé hier matin, alors que l'ennemi avançait dangereusement, pour contourner celui-ci et poser sur ses arrières des mines anti-personnel. Or les mines que nous employons maintenant, au lieu d'avoir une forme rébarbative, qui vous obligeait à perdre du temps pour les enterrer où tout au moins pour les camoufler, sont maintenant enrobées dans une couche de plâtre peint, imitant à la perfection d'impersonnels cailloux ou de paisibles bouses de vache. De plus, comme cette mission était dangereuse et qu'il était nécessaire de ne pas se faire repérer, l'officier en question fit camoufler ses hommes avec des draps de lit et leur fit mettre sur la tête, en forme de cagoule, des caleçons américains en coton blanc, pour être moins visibles dans la neige. Ils traversèrent ainsi un village où le « Sauve qui peut » venait d'être lancé au moment où soldats et civils, très émus, s'apprêtaient à l'évacuer. Il paraît que l'apparition de ces fantômes transportant des bouses de vache dans la direction de l'ennemi, au milieu de la panique générale, fut un succès sans précédent. Une heure après, la patrouille rentrait, mission terminée. Les hommes de l'expédition en riaient encore, tout en vidant des boîtes de « méat and beans » autour du feu." Laurent Laloup le vendredi 02 janvier 2009 Contribution au livre ouvert de Joseph Marie de Ballabriga | |