| | | | | De la formation à la campagne d'Italie | | | OrigineLe Bataillon de Marche n°4 a été formé au Cameroun avec des cadres dont la majorité, officiers et sous-officiers, venaient de la Haute-Volta, et aussi du Niger, de la Côte d'Ivoire et du Dahomey. Tels étaient par exemple parmi les officiers : les Capitaines Bouillon, Fougerat, Lieutenants Despian, Brisbarre, Geoffroy, Jeanperrin, Beruyer, Chabert, Revault d'Allonnes, Courant, Ibrahima Diallo, Médecin-Capitaine Robin, Médecin-Lieutenant Charmot. Et, parmi les sous-officiers : Plantevin, Le Forestier, Genoseau, Payet, Leclerc, Victorin, Penformis, Antonini, Provost, Dubois, Birden, Escarguel, Piaud, Genicoud, etc...
Ces cadres, accompagnés de Tirailleurs (Mossis et Bobos en majorité), se retrouvèrent en Gold Coast en juillet-août 1940, à Tamalé, puis Kumasi, et enfin sur la côte à Wineba. Beaucoup de ces Africains devaient retourner en AOF, sauf un certain nombre, sous-officiers pour la plupart, qui choisirent de suivre leurs officiers. Ensemble, ils rejoignirent le Cameroun par voie maritime après le ralliement de ce territoire sous l'impulsion du Lieutenant-Colonel Leclerc, et débarquèrent à Douala, dans les premiers jours de septembre 1940.
C'est là que se forma le 3" Bataillon du 1er Régiment de Tirailleurs du Cameroun, à partir:
- des éléments précités, venus du Gold-Coast,
- de cadres (Capitaines Defosse et Son, Lieutenants Eymin, Père Pouille, etc...) venant des forces locales, et d'hommes recrutés dans le pays,
- de jeunes officiers venus d'Angleterre (Sous-Lieutenants Henry, Eckert, Removille, Monterrand).
Cantonné dans une école du quartier d'Akwa Bell, le bataillon s'arme, s'équipe et s'instruit progressivement. Début novembre, une grosse compagnie, avec un encadrement européen très renforcé, était constituée, acheminée par mer vers Libreville, et débarquée à l'embouchure de la Tsini. Cette unité devait remonter la rivière sur des embarcations ; un mitraillage par deux Glenn-Martin vichystes, devait faire quelques victimes, dont le Sous-Lieutenant Removille, tué.
Après une marche dans les palétuviers et un bivouac dans une clairière, la compagnie et un bataillon de Légion Etrangère (Commandant Koenig) attaquèrent le terrain d'aviation de Libreville, qui devait être occupé après de violents tirs d'armes automatiques (mort du Lieutenant Despian). Les combats se terminaient dans la nuit avec la reddition de la capitale du Gabon et la Compagnie du Cameroun était peu après rembarquée pour Douala.
Fin décembre 1940, ce 3e Bataillon gagne Maroua, dans le Nord-Cameroun, et installe son camp aux portes de la ville. C'est là qu'il prend le nom de Bataillon de Marche n°4, en exécution de l'ordre n° 40 du 28 décembre 1940.
L'ordre de bataille est le suivant :
Commandant : Chef de Bataillon Bouillon
Officier adjoint : Capitaine Fougerat
1re Compagnie : Lieutenant Revault d'Allonnes
2e Compagnie : Capitaine Son
3e Compagnie : Capitaine Defosse (à partir du 16-3-1941)
Compagnie d'accompagnement :: Capitaine Brisbarre
Médecin-Capitaine Robin, Médecin-Lieutenant Charmot
Le 17 février 1941, le BM4 quitte Maroua et se regroupe à Massagueit, campement situé à 80 km au nord-est de Fort-Lamy où il reste pendant les opérations de Kouffra. Le 25 mars arrive l'ordre de départ et le bataillon, transporté soit sur des camions militaires d'origine britannique, soit des camions civils réquisitionnés, fait mouvement vers l'Est. II passe successivement par Bokoro, Ati, Abéché, franchit la frontière entre Adré et El Geneina et, dans le Soudan, gagne El Fasher. puis, par des pistes de sable difficiles, El Obeid où il est embarqué sur train le 14 mai1941. II atteint le Caire, passe le Canal de Suez à El Quantara et débarque le 22 mai à Quastina (Palestine), dans un camp où sont regroupées les Forces Françaises Libres.
Avec celles-ci, le BM4 participe à la campagne de Syrie, franchissant la frontière le 11 juin. Peu après bombardé et mitraillé par des avions, il attaque le 16 le village de Kissoué où il subira des tirs d'artillerie, puis fait route vers Damas, qu'il atteint le 21 juin. Après la cessation des hostilités, soit le 12 juillet 1941, le Bataillon s'installe à Damas dans la caserne Hamidiéh, où il se recomplète en personnel et matériel. |
| | L'EthiopieUne nouvelle étape est marquée le 23 juillet par son départ pour l'Ethiopie où les forces anglaises et sud-africaines avaient infligé de sévères défaites aux Italiens, qui n'occupaient plus que quelques poches comme Gondar. Le Lieutenant-Colonel G. Palewski, envoyé par le Général de Gaulle pour défendre les intérêts français (Djibouti n'était pas encore rallié) avait demandé l'envoi d'une force militaire pour mieux marquer la présence française, d'où la désignation du BM4, son embarquement à Suez le 24 juillet 1941 à bord du Cap St-Jacques, et son débarquement le 31 juillet à Berbera. Le bataillon est regroupé à Buramo, d'où un simple détachement, commandé par le Lieutenant Lecourt, est admis par les autorités britanniques à participer à la prise de Gondar, en décembre 1941. II s'installe ensuite à Diré-Daoua, loin des combats qui se déroulent en Libye, sans mission bien définie, ce qui sera nuisible à l'habituel esprit de discipline des Tirailleurs. Enfin, le 22 avril 1942 arrive l'ordre de retour tant attendu ; le bataillon embarque à Berbera sur le s/s Burma, débarque à Suez, puis arrive à Beyrouth. |
| | Le LibanC'est l'époque où Rommel fonce à travers la Libye avec, pour objectif, la conquête de l'Egypte. Ceci explique que le BM4, qui reçoit une dotation de canons de 75 mm et de brenn-carriers, se voit confier la mission d'établir une position défensive dans les montagnes du Liban, entre le village d'Antoura-Mtein et le col de Zahlé : ces travaux seront inspectés par le Général de Gaulle, pendant le mois d'août. L'Afrika Korps étant arrêté devant El Alamein, cette mission devient sans objet et le bataillon s'installe le 20 septembre dans une caserne de Tripoli, sous les ordres du Commandant Bourgeois qui a remplacé le Commandant Bouillon, appelé à d'autres fonctions. |
| | La LibyeCette vie de garnison ou presque, cesse le 10 janvier 1943 lorsque le BM4 est affecté à la 2e brigade (Colonel Garbay) de la 1re DFL (Général Koenig) et part par voie ferrée pour Tobrouk, où il arrive quelques jours plus tard.
L'ordre de bataille est alors le suivant :
Commandant : Lieutenant-Colonel Bourgeois
adjoint Capitaine Fougerat
1er Compagnie : Capitaine Jeanperrin
2e Compagnie : Capitaine Defosse
3" Compagnie : Capitaine Chabert
Compagnie d'accompagnement : Capitaine Brisbarre
Médecin : Capitaine Charmot
Citons encore quelques noms, outre ceux mentionnés plus haut :
- Officiers : Chareyre, Perner, Robedat, Frattacci, Lecourt, Pointet, etc...
- Sous-officiers : Birden, Bignet, Godard, Piaud, Baudoin, etc.
Le Bataillon est équipé en matériel britannique, tant pour l'armement que les véhicules, conservant toutefois 8 canons de 75 mm, excellents pour la défense antichars. Après trois mois d'entraînement, il quitte Tobrouk et arrive en Tunisie avec la 1re DFL. le 4 mai : le transport avait été endeuillé par la noyade du Père Pouille, le jour de Pâques, après la messe, sur la plage de Misurata. |
| | La TunisieEn Tunisie, la 1re D.F.L. relève la 51e Division britannique et le BM4 prend position, au cours de la nuit du 6 au 7 mai 1943, dans un bois d'oliviers à l'ouest et au sud du Djebel Takrouna, solidement tenu par les Allemands.
L'attaque est menée le 12 mai par la Compagnie Defosse qui, dans la nuit, s'était installée sur un éperon rocheux, avec le P.C. avancé du bataillon ; après la préparation d'artillerie, les hommes quittent leurs trous individuels et foncent vers le piton ennemi. Le Capitaine Defosse - qui devait être le premier Compagnon de la Libération du Bataillon - est gravement blessé en franchissant le violent barrage allemand. L'assaut est très dur, des combats individuels sont livrés à la mitraillette et à la grenade et les pertes sont assez élevées. De nombreux prisonniers sont faits et les tirs cessent le 13 mai 1943.
Après un bref retour en Libye, à Zuara, le BM4 revient en Tunisie et s'installe dans une oliveraie entre Nabeul et Hammamet. Le Capitaine Fougerat, promu Chef de Bataillon, remplace le Lieutenant-Colonel Bourgeois et prend le commandement. Il a pour adjoint le Capitaine Painchaud, le Capitaine Guillaumet, commandant la Compagnie hors-rang.
Les Tirailleurs les plus anciens (Camerounais, Mossis, Bobos) sont renvoyés dans leurs pays d'origine et remplacés par des Tchadiens, qui étaient arrivés avec le Général Leclerc (partant lui-même former sa DB au Maroc). Par ailleurs, l'équipement britannique sera ultérieurement remplacé par du matériel réglementaire américain : les hommes se familiarisent avec celui-ci et une période intense d'instruction, de tirs, de manoeuvre, occupera ces mois jusqu'au printemps 1944. |
| | L'ItalieLe 12 avril 1944, tout le monde prend à Tunis le train pour Bône et s'embarque le 17 sur le s/s Durban Castle, pendant que les véhicules sont chargés sur le s/s Roselinde. Les hommes débarquent le 20 au port de Naples, encore ravagé par les bombardements de l'aviation alliée et sont transportés d'abord à Frignano Maggiore, puis à Montemarano et Castelvedere di Calore, en attendant la proche offensive contre la ligne Gustav.
La qrande offensive du forcement de la ligne Gustav partit le 10 mai 1944. D'abord en réserve de division, le Bataillon de Marche N°4 fut engagé le 16 mai sur les hauteurs du Rio Forma Quesa avec mission de nettoyer la vallée. II se heurte là à des résistances acharnées et ne réussit à franchir le fleuve que le 20. Le lendemain, il atteint la route Pico-Pontecorvo et occupe la cote 160. La bretelle Hitler de la ligne Gustav est crevée. L'âpreté des combats peut se mesurer à la distance parcourue : 15 kilomètres en 5 jours ! L'Allemand se replie et l'exploitation commence le 30 mai. Le soir même le Bataillon de Marche N°4 est à 40 kilomètres au nord de Pontecorvo. Le 6 juin, ses éléments sont devant Tivoli où la 2e brigade pénètre le 7 juin.
Après la traversée de Rome, la poursuite s'accélère. Le contact n'est repris qu'au nord de Viterbo, devant Montefiacone. C'est le Bataillon de Marche N°4 qui s'empare de la ville, le 10 juin, après un assaut de deux compagnies appuyées par les chars. Malheureusement une contre-attaque de nuit pénètre jusqu'au PC. de la 2" Compagnie et tue le Capitaine Daniel. Mais le terrain conquis est néanmoins conservé. Le 11 juin, la marche en avant reprend sur la route de Montefiascone-Bolsena sans rencontrer de sérieuses résistances. Le 12 vers 8 heures le Bataillon de Marche N°4 est arrêté par des feux nourris au début du fossé d'Arlena. Le Commandant Fougerat qui s'était porté aux premières lignes est tué d'une rafale de mitrailleuse. Grâce à des tirs de soutien d'artillerie et à l'arrivée des chars, l'ennemi se replie et l'avance se poursuit jusqu'au fossé Melano. Pour progresser de 1 500 mètres dans la journée, le B.M.4 a perdu son Chef de Bataillon, un Commandant de compagnie, le Lieutenant Aude, 16 tués et 40 blessés. Le lendemain, Bolsena est atteint. La Légion Étrangère relève le BM4 dans la nuit du 13 au 14. Les opérations d'Italie sont terminées pour lui. Depuis le 16 mai il était sur la brèche.
II pleure cependant son Chef, le Commandant Fougerat. Ce jeune Chef de Bataillon était adoré de ses hommes pour son humanité, sa justice et sa bravoure. C'était un chef promis au plus brillant avenir par l'étendue de son savoir et son intelligence lucide. II n'a pu réaliser son plus ardent désir qui était de revoir la France. Du moins ses camarades et ses subordonnés qui ont pu le faire, ont tenu à aller dire à sa famille l'affection qu'ils lui portaient et l'admiration qu'ils avaient pour lui. Une rue de Barbezieux, sa ville natale, porte son nom.
Le 7 juillet 1944, le BM4 est rassemblé à 40 kilomètres de Naples, dans la région d'Albanova. II panse ses plaies, se recomplète et se prépare à ce qu'il sait imminent : le débarquement en France.
Du 16 au 27 juillet, en trois détachements le BM4 est acheminé soit sur Brindisi où sera embarqué le matériel lourd, soit sur Tarente où se retrouve le gros du bataillon.
Le 7 août, à l'effectif des 25 Officiers, 706 Sous-Officiers et hommes de troupe, il embarque sur le Durban Castle pour une destination inconnue. Pour des raisons de secret, elle ne sera dévoilée qu'en mer. L'enthousiasme est à son comble et les MP britanniques perdent leur flegme en voulant mettre de l'ordre chez ces "Damned Frenchies".
Pendant 8 jours, le Durban Castle fait le bouchon en rade de Tarente. Enfin le 15 août il prend sa place dans le convoi. Les enveloppes de mission sont ouvertes. Le sort en est jeté : on débarquera dans la baie de Cavalaire, à quelques kilomètres de Hyères. |
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