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L'Evade De La France Libre ; Le Reseau Bourgogne Auteur : Broussine, Georges :
" Marchant sur les Champs-Elysées, un jour d'avril, sous un soleil déjà printanier, je sentis une tape sur l'épaule. Je me retournai, surpris. Un garçon, rencontré à Hans School, à Londres, quelques mois plus tôt, André Minne, me souriait amicalement. Je devais avoir l'air furieux car il s'excusa et m'assura que c'était pour lui une chance extraordinaire que je me sois trouvé sur son chemin. À la terrasse d'un café, il me raconta son histoire. Il avait été envoyé, en France, comme opérateur radio, dans un réseau de renseignement, le réseau «Ronsard». Après une période d'activité intense, ce réseau se délitait: il était, me dit-il, complètement désorganisé. Démoralisé, son chef s'était éloigné et laissait les choses aller à vau-l'eau. Cependant, André ne voulait pas retourner à Londres. Il me dit alors sans détour qu'il était prêt à rejoindre mon réseau si je pouvais l'employer. La proposition était étonnante. Elle était également séduisante. Mon trafic radio s'étoffait. Il me fallait de plus en plus de temps pour l'assurer, pour chiffrer mes messages et trouver de nouveaux abris. Par ailleurs, Minne, qui avait choisi comme pseudonyme Derrien, était un personnage pittoresque. Autodidacte, il racontait volontiers que, dans sa jeunesse, il avait parfois quitté le « droit chemin », ce qui l'avait conduit à faire son service militaire dans le célèbre Bat' d'Af (bataillon d'Afrique). Je connaissais son passé ; mais l'ayant vu à Londres - où il n'était cependant pas un de mes amis proches - je l'avais trouvé sympathique et j'avais apprécié sa franchise. Dès avant la guerre, il avait tourné la page, faisant preuve de courage et d'énergie pour s'en sortir. Il y était parvenu. Son engagement dans les FFL confirmait ce changement. Je fus donc tenté de lui faire confiance. Je réservai cependant ma réponse. Nous convînmes d'un lieu de rendez-vous, une brasserie de la place Victor-Hugo. J'informai Londres de cette rencontre et rendis compte de l'offre de service qui m'avait été faite. Je reçus le feu vert et l'engageai. Il fut d'une remarquable efficacité. Je lui trouvai un assistant, un jeune radio recruté en France, Emile Mallet. J'avais établi une relation régulière avec Robert Bodi-neau en Touraine : il accepta d'héberger mon équipe radio et de l'aider à trouver des abris dans la région pour ses transmissions. Mes deux opérateurs s'installèrent donc chez lui." laurent le jeudi 03 septembre 2009 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |