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L'UNION - L'ARDENNAIS Publié le jeudi 04 novembre 2010
Avec le décès de Pierre Guinet, dans sa 92e année, qui fut conseiller municipal de Reims, c'est un autre des héros de la 2e DB du Gal Leclerc qui s'en va.
Dans la bibliothèque du salon, une kyrielle de médailles, des photos de guerre et un calot grenat des Spahis. Une photo de son mari à la main, Simone Guinet a les sanglots dans la voix pour évoquer le parcours de Pierre, son mari, un homme modeste et discret décédé le 1er novembre.
Natif de Poitiers, où il a vu le jour le 18 août 1919, Pierre Guinet est arrivé tout bébé à Reims où son papa Hilaire, architecte, participe à la reconstruction de Reims et de Bétheny, après la Première Guerre mondiale. Après des études à Sainte-Macre à Fismes, la guerre lui vole sa jeunesse. De la classe 39, mobilisable, il se précipite à Châlons pour s'enrôler sous les drapeaux. Fait prisonnier à côté de Dijon, il parvient à s'échapper en cours de transfert et tente de gagner la zone libre. Il se cache dans une ferme, à Louhans, où il participe aux travaux de la ferme avant d'essayer via l'Espagne de rejoindre l'Angleterre, pour combattre. Mars 1943. Le passage en Espagne est compliqué sans guide, à la boussole et dans le froid. Pas le temps de se réjouir en voyant les lumières d'une ville, ils sont faits prisonniers par des carabiniers qui les conduisent, comme s'ils étaient des assassins à Fuigeres. Après un transfert à Gérone, il se retrouve dans le sinistre camp de concentration de Miranda à Ebro. Par chance, c'est contre deux sacs de farine de blé que la Croix-Rouge obtient sa libération ! Toujours tenaillé par l'envie de servir le pays, il parvient à gagner le Maroc où il choisit de suivre De Gaulle et pas Giraud. Affecté à la 2e Division Blindée du général Leclerc, il s'entraîne au camp de Témara avant de gagner l'Angleterre. Pierre Guinet va faire partie de ces héros anonymes qui ont permis la libération de la France. Il participe d'abord à la libération de la ville d'Alençon, puis de Paris et de Strasbourg, non sans avoir été blessé auparavant dans les Vosges et manqué de perdre un doigt. Comme Bernard de Nonancourt, qui vient aussi de s'éteindre, il fera partie de ceux qui ont pris le nid d'aigle de Hitler à Berchtesgaden. Pierre Guinet était officier de la Légion d'honneur, il avait aussi la médaille militaire et la Croix de guerre 1939-1945.
Chez Goulet-Turpin
De retour à Reims il entre au service des achats chez Goulet-Turpin, où il termine cadre et sa carrière au moment du rachat du succursaliste par Promodès.
Militant dans plusieurs associations d'anciens combattants, dont ceux de la 2e DB, il défendit aussi le sort du fort de la Pompelle. En 1971, le député maire Jean Taittinger l'appelle pour faire partie de la nouvelle équipe municipale. Il devient conseiller municipal le 19 mars 1971, jusqu'en 1977.
Marié en 1948 à la Poitevine Simone Bragier, il avait quatre enfants, treize petits enfants et trois arrière-petits-enfants.
Ses obsèques seront célébrées, demain, vendredi 5 novembre, à 14 h 30 en l'église Saint-Jacques. A toute sa famille l'union présente ses condoléances attristées.
Alain MOYAT laurent le dimanche 06 décembre 2015 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |