|
cotanbre.edres74.ac-grenoble.fr
"A Lyon, je fais connaissance d'un élève de ma classe, Maurice Evain, qui devient mon ami.
Parisien d'origine bretonne, Maurice Evain a tenté de passer en Angleterre par la Manche. Arrêté par les gendarmes français il a été envoyé à Lyon en zone occupée.
Dans ce lycée ils étaient internes mais ils sont autorisés à sortir le dimanche. Ces sorties du dimanche étaient en fait un prétexte pour trouver une filière d'évasion afin de rejoindre les Forces Françaises Libres.
A la fin du trimestre, les deux jeunes gens décident de partir sans prévenir personne. Ni leur familles, ni leur amis, ni leur proches. ils partirent après les fêtes de Noël de façon a avoir le maximum d'argent de poche. Le 17 janvier 1943, le haut savoyard avait 17 ans, il s'apprêtait à quitter l'internat avec son ami. Lorsque le concièrge le prévient qu'il ne peut pas partir car il est "collé'" et le somme de rejoindre sa classe. Son ami sort après qu'en aparté je lui ai dit de me retrouver de l'autre côté du lycée où il irai "faire la mur". Donc il "fait le mur" et ils se retrouvent au lieu indiqué et ils gagnent ensemble la gare de Lyon Perrache. Le soir même ils partent par le train de nuit et arrivent à Perpignan le lendemain matin. Les choses se compliquent car la personne qui devait les réceptionner était partie en convoi accompagner un groupe d'évadés à travers l'espagne et ne sera de retour qu'au bout de 8 jours. Cependant notre contact leur assure une autre filière si ils ne voulaient pas attendre: se rendre à Saint Laurent De Cerdans, contacter le curé qui nous indiquera un guide pour traverser les Pyrénées.
Par car ils arrivent à Saint Laurent àprès plusieurs contôles d'identité, tant par des gendarmes français que par la police allemande. De connivence avec le chaufeur, également résistant, ils utiliserons le subterfuge de descendre par la porte arrière du car, traverser le village à pieds et de remonter dans le cars en rase campagne lorsque le danger est écarté. Cela est arrivé trois fois. Arrivé à destination, ils contactent le curé qui leur présente leur guide et à 10 autres évadés que nous retrouvons dans la cave d'un hôtel du village. Ils peuvent échanger quelques francs contre des pesetas et le soir même le guide les a fait passer la montagne enneigée , poursuivis par les chiens de la police allemande.
Au petit matin ils arrivent en Espagne, chez Franco! Le général dictateur Franco qui a permis à l'aviation nazie et aux tanks fascistes italiens de se faire les dents sur les républicains espagnols. Ils marchèrent toute la journée. Dans leur groupe se trouvaient deux marins originaires d'Oran, parlant couramment l'Espagnol qui nous servent d'interprètes. Le soir, ils demandent l'hospitalité pour nous tous dans une fermes. Ils couchaient dans l'écurie et le lendemain matin ils reprenaient la route. Mais, dénoncés par leur hôtes, la Garde civile espagnole ( ce qui correspond aux gendarmes français ) les arrête. A pied, direction Figueras à la police. Ils se déclarent sujets canadiens âgés de 21 ans. En effet, les résistants lyonnais qui leur avait indiqué la filière d’évasion par l’Espagne avaient insisté sur ce point. Pourquoi ? Pour plusieurs raisons. La première selon l’endroit de l’arrestation, les policiers espagnols refoulaient les français ou les remettaient aux Allemands, ce qui se traduisait par la déportation. La deuxième : le personnel de l’ambassade et des Consulats de France en Espagne était nommé par Vichy ; il était resté fidèle au Maréchal et ne s’occupait pas de ces français « dissidents ». La troisième : les consuls Anglais en Espagne se rendaient dans les prisons, prenaient contact avec ces pseudo- britannique et les reconnaissaient comme sujets de sa Gracieuse Majesté, au grand dépit des policiers Espagnols. Vis avis des Espagnols ces jeunes « canadiens » prétendaient fuir la France pour rejoindre……. leurs parents. Ils se déclarent donc sujets canadiens et passent à l’anthropométrie. photos de face et profils, empreintes digitales, fichés comme des bandits avant d’être dirigés à la prison de Figueras et internés au motif de : « passage clandestin de frontière. » En les conduisant à Figueras leur gardiens leur signalent que le séjour à la prison ne sera qu’un formalité et qu’ils seront libérés au bout de 3 semaines. En entrant, ils doivent vite déchanter. En effet, ils croisent un groupe de prisonniers français, têtes rasées, vêtements sales et défraîchis. A leur question : Depuis quand êtes-vous ici ? ils répondent : 2 mois, 6 mois, 8 mois… Stupéfaction de leur part…. le moral en prend un sacré coup. Ensuite ils sont introduits dans une grande pièce. Il sont déshabillés, rasés partout et subissent une piqûre. Pourquoi ? Ils l’ignorent. La même seringue et la même aiguille a servi pour la douzaine de nouveaux prisonniers. Ils leur affectent une cellule où ils seront 12 dans espace prévu pour 2 avec tinette dans un coin. Ils s’y couchent à même le sol « en chien de fusil », sans couverture pendant 3 semaines. L e matin : promenade dans la cour et semblant de toilette après avoir bu un liquide noir appelé « café ». A midi et le soir : soupe claire aux trognons de chou avec une mince tranche de pain au maïs. Les poux arriveront assez vite et la séance d’épouillage occupera la plus grande partie de la journée. Ce sera ensuite la prison de Gérone puis vers la fin mars, nouveau changement, toujours menottés, ils prennent le train pour le camp d’internement de Caldas de Malaveilla. Le 15 juin avec ses amis Maurice Evain et Maurice Sentenac – que j’ai connu à la prison de Gérone – ils sont libérés et dirigés sur Barcelone puis Madrid où l’Ambassade britannique s’occupe de leur passeport pour quitter l’Espagne. Le 13 juillet munis « d’un vrai faux passeport Britannique », ils entrent à Gibraltar. Maurice Sentence et lui contractent un engagement dans les Forces Françaises Libre. Maurice Evain, lui s’engage dans les paras et ils se quittent. " Laloup laurent le vendredi 19 octobre 2007 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |