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"Jean Dyrac et les Khmers rouges - Les Sables d'Olonne
samedi 23 septembre 2000
En 1975, le consul tentait de sauver 3 000 réfugiés à Phnom Penh
Ethnologue, prisonnier des Khmers rouges en 1971, François Bizot vient de publier " Le portail " aux éditions de " La Table ronde ". Il relate un épisode tragique de l'anéantissement du Cambodge programmé par Pol Pot : celui de 3 000 réfugiés de toutes nationalités, accueillis par Jean Dyrac dans l'ambassade de France de Phnom Penh. L'ex consul séjourne l'été aux Sables. Il confie sa " déchirure ".
Dans sa résidence des Sables d'Olonne, Jean Dyrac vient de fêter ses 80 ans en famille, avec Marie-Taine, son épouse d'origine laotienne. Résistant, combattant dans la division Leclerc, officier en Indochine, il fut consul de France à Saïgon avant d'être en poste à Phnom Penh. François Bizot lui a chaleureusement dédicacé son récent ouvrage " Le Portail ". Jean Dyrac se rappelle, l'oeil rougi par l'émotion. " A 5 heures, le 17 avril 1975, les faubourgs de Phnom Penh sont incendiés. Des hordes de gens défilent devant l'ambassade de France avec des drapeaux blancs criant : " C'est la paix ". Vers 13 heures, des Khmers rouges arrivent en " jeep ", annoncent que les Américains vont tout bombarder. Une manoeuvre pour vider la ville de ses habitants. Français, étrangers et Cambodgiens réalisent alors et se précipitent dans l'enceinte de notre ambassade ". Jean Dyrac, Marie-Taine, les pères Ponchaud et Berger, des membres de l'UNICEF et de l'OMS, veulent sauver ces femmes, hommes et enfants de toutes origines, ces potentats cambodgiens refusant d'admettre la victoire des Khmers Rouges, ces diplomates soviétiques déchus de leur rôle de " grands frères ". François Bizot sait quelles atrocités se préparent. Il sert d'interprète. Un choix bouleversant " Cet homme très réservé, possédant les subtilités culturelles du Cambodge, nous a sauvés la mise à plusieurs reprises ". Ainsi, Jean Dyrac se souvient de l'intrusion des Khmers rouges exaspérés par des messages radio émis par des agents américains, depuis l'ambassade, pour demander une opération héliportée à l'état major US. " Nous redoutions qu'ils vident violemment l'ambassade où se trouvaient Sirik Matak, ancien premier ministre cambodgien et la princesse Manivahn, troisième épouse de Sihanouk. Encore une fois, Bizot a réussi à parlementer et à calmer le jeu ". Le 30 avril et le 6 mai, deux convois organisés les Khmers rouges évacuent les otages de l'ambassade vers le Viêt Nam et La Thaïlande. François Bizot et Jean Dyrac sont de ce dernier convoi dans des paysages désertés, sur des routes encombrées d'objets abandonnés par des villageois en fuite " Avant ce départ, je n'ai délivré de laissez-passer qu'aux Français et aux étrangers. Je ne pouvais accorder de visas aux Cambodgiens sans déchaîner la rage des Khmers rouges contre tous les réfugiés de l'ambassade. Un choix bouleversant ! ". Jean Dyrac sait que bien de ses protégés ont été massacrés. Les Américains, que l'ex consul ne porte pas dans son coeur meurtri, firent un film de son indicible cas de conscience : " La Déchirure "... Daniel MORNET."
www.ouest-france.fr  Laurent Laloup le vendredi 19 décembre 2008 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |
