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Parcours de Joseph DARCHEN Joseph Darchen quitte Brest le 18 juin 1940 à 23h à bord du paquebot Meknès. Il vient juste d’avoir 17 ans et habite sur le port où son père est marin-pêcheur. Jeune apprenti, c’est au patronage qu’il a appris l’après-midi même l’arrivée imminente des Allemands qui ont envahi Rennes la veille. Comme plusieurs de ses camarades et encouragé par son père, il décide de quitter la France sans savoir que c’est vers l’Angleterre que se dirige le Meknès. A son bord, une partie du corps expéditionnaire français venant d’être rapatrié de Norvège à Brest après la bataille de Narvik.
Débarqué à Southampton, Joseph est dirigé avec les légionnaires et les Chasseurs à Stoke-on-Trent. Le 7 juillet, il rejoint l’Olympia Hall à Londres avec les volontaires qui souhaitent s’engager. Un bataillon de Chasseurs y est formé. Joseph est affecté à la 2e compagnie commandée par le lieutenant Dupont à Delville Camp. En septembre, le bataillon rejoint le camp de Camberley. Le 13 septembre 1940, Joseph signe son acte d’engagement. Mais, s’apercevant qu’il n’a pas l’âge requis, l’autorité militaire ne valide finalement pas l’acte. Le 16 octobre 1940, il est envoyé avec quelques camarades mineurs au tout nouveau prytanée militaire de Rake Manor. "L’arrivée de Gérard de Carville, Darchen, Duluat, La Ménardière et Méchin, ceux qui ont tâté de la vie militaire, ne contribue guère à remonter le moral des 70 jeunes gens qu’ils trouvent sur place… (1). L’école s’installe ensuite à Malvern et prend le nom d’école des Cadets de la France Libre. Joseph y reçoit une instruction militaire mais ne songe qu’à la quitter pour aller combattre. Le jour de ses 18 ans, il fait sa demande au capitaine Beaudouin qui dirige l’école des Cadets, qui lui oppose un refus. Le 13 septembre 1941, le général de Gaulle reçoit un à un les Cadets. Joseph réitère sa requête au général et quitte l’école le mois suivant.
Joseph est alors affecté à Camberley. Le 16 octobre 1941, il signe son acte d’engagement. Il est affecté au peloton motocycliste de l’escadron mixte constitué par le lieutenant Branet. "Pratiquement, j’ai tous les bons éléments et les types débrouillards…" (2). En février 1943, alors qu’ils sont dans le Sussex, rattachés à une division blindée canadienne, ils sont « rappelés d’urgence à Camberley. Ordre de nous préparer à partir dans le Western Desert où le général désire concentrer au plus tôt sa petite armée… Le 13 mars, nous quittons Camberley sans regret" (2).
Le capitaine Branet et ses hommes embarquent à Liverpool pour rejoindre la force L de Leclerc à Sabratha. Dans l’impossibilité de passer par la Méditerranée, ils doivent contourner toute l’Afrique. Via Freetown, Capetown, Aden, ils arrivent à Suez le 4 mai 1943, puis au Caire. Ils rembarquent pour Sabratha via Alexandrie et Tripoli. En juillet, le 501e RCC est formé et le 19 Joseph Darchen est affecté comme motocycliste au PC. Fin août 1943, son unité rejoint le Maroc et intègre la 2e DB, créée le 24 août dans le cadre de la réorganisation de l’armée d’Afrique. Début septembre, la 2e DB stationne à Casablanca et reçoit le matériel américain promis. Le 501 est équipé en chars, véhicules et équipements puis la division se regroupe dans la forêt de Témara au sud de Rabat. Joseph y reçoit sa moto. Tout l’hiver, le régiment s’entraîne activement et participe aux manœuvres de la division.
La division est organisée en groupements tactiques selon le modèle des divisions américaines afin d’être intégrée à la IIIe armée US du général Patton. Le 501e RCC est rattaché au GTV. La division fait mouvement vers l’Angleterre le 20 mai 1944. Débarquant à Liverpool le 30 mai, Joseph est dirigé vers Huggate où se déroule le programme d’instruction intensif préparatoire à la bataille. Le 20 juillet, le régiment reçoit l’ordre de se tenir prêt à faire mouvement vers les ports d’embarquement du sud de l’Angleterre. Le régiment embarque à Weymouth le 1er août 1944 et débarque à Utah Beach le 3. Joseph prend part à la libération d’Alençon et d’Ecouché. Le 24 août, il participe aux féroces combats d’Antony et de Fresnes. Alors que des chars s’engagent sur la RN 186 qui va de la Croix de Berny à Fresnes, Joseph précède, à moto, la jeep du lieutenant Jacques Hébert et de son chauffeur Jean Le Vaillant. "Nous suivions en jeep au plus près, mais les chars filaient et nous fûmes bientôt seuls sous un feu nourri d’armes automatiques qui prenaient la route en enfilade vers l’ouest" (3). La jeep est atteinte, Le Vaillant tué sur le coup, Hébert s’en sort. Joseph est gravement blessé à l’épaule droite. Pris en charge par un médecin FFI, il est dirigé vers le dispensaire d’Antony. Quand les Rochambelles viennent le chercher le lendemain, il refuse d’obtempérer mais il est évacué d’autorité vers l’Angleterre. Rétabli, il rejoint le 8 novembre, le PC du 501e RCC à Reherrey dans les Vosges. A la surprise générale, car ses camarades le croyaient mort. A nouveau sérieusement blessé à la jambe et à la main lors de manœuvres le 21 décembre 1944 à Contrexéville, il est évacué à Vittel puis envoyé au Val de Grâce pour recevoir soins et rééducation jusqu’en mai 1945. Il est démobilisé le 1er août 1945.
1. "Cadets de la France Libre", tome 3, André Casalis – 2. "L’escadron", Jacques Branet – 3. Site Les Français Libres (la mort de Jean Le Vaillant racontée par Jacques Hébert) TANGUY Christophe le samedi 25 mai 2024 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |