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Extrait matricule FAFL et état sommaire des services AUBRY Eugène
Né le 15 septembre 1911 à Papeete (Tahiti)
Cultivateur à Faaa, dans la proche banlieue de Papeete.
Dès la déclaration de guerre de septembre 1939, Eugène AUBRY est volontaire et s’engage pour la durée de la guerre. Il est mis en route, par bateau, pour la France via la Nouvelle Zélande, avec vingt et un camarades engagés comme lui.
Bien des décennies plus tard, l’un de ces vingt deux volontaires, l’ancien sergent-chef radio-mitrailleur MARA Natapu, 18 ans à l’époque, narrera son aventure et celle de ses camarades polynésiens, dans un court article, intitulé « Un Tahitien au groupe Lorraine » publié en l’an 2000 dans le n° 174 de la revue ICARE, tome 10, 1940/1945 « le groupe Lorraine et le GRB 1 - 4ème partie- le débarquement »
C’est grâce à son précieux témoignage qu’on sait aujourd’hui qu’en cours de route, le groupe apprend qu’un armistice a été signé entre l’Allemagne et la France. La guerre est donc terminée en Europe, du moins pour la France qui a mis bas les armes. Arrivés à Aukland où le voyage se termine par la force des choses, les vingt deux hommes s’engagent alors dans la force aérienne Néo-Zélandaise puisque l’Angleterre et ses Dominions sont toujours en conflit.
Ils subissent tous une visite médicale d’aptitude au personnel navigant et seulement douze d’entre eux sont retenus. Les autres sont versés dans l’armée de terre. Mais ils apprennent que, le 2 septembre, la Polynésie française s’est ralliée au général de Gaulle. Ils décident donc de gagner l’Angleterre pour y combattre car la guerre continue, entre la France Libre et l’ennemi bicéphale Italo-Allemand.
Quelques temps plus tard, les douze volontaires, reconnus « aptes à l’aviation », sont mis en route vers le Canada français. Quelle n’est pas leur désillusion à l’arrivée lorsqu’ils s’aperçoivent qu’ils sont là, non pour voler, mais pour apprendre l’anglais. MARA écrit dans sont récit : « Nous nous trouvions comme des écoliers en classe avec des camarades Canadiens Français qui ne parlaient pas cette langue. Moins disciplinés qu’eux, nous avons exigé d’être envoyés en Angleterre pour rejoindre les Forces Françaises Libres ; là, au moins nous pourrions combattre plus vite. Hélas, à notre arrivée en Angleterre on nous mit dans un camp de personnes réfugiées d’Europe, quelle punition ! ». MARA ajoutera qu’à force de protester, on les enverra à Camberley, camp où étaient rassemblés les Français. Ils s’y engageront dans les Forces aériennes de la France libre.
Le volontaire Eugène AUBRY sera enregistré à Londres, dans les Forces aériennes françaises libres, pour compter du 22 juillet 1941, comme soldat de 2ème classe, candidat personnel naviguant, avec le matricule 30.756.
A Camberley, cinq mois de cours d’anglais mettront la patience de nos jeunes Tahitiens à rude épreuve mais ils comprendront rapidement que cet interlude est nécessaire pour les amener à un niveau suffisant, indispensable, pour être envoyés dans les écoles de la Royal Air Force afin d’y recevoir une formation de radio-mitrailleur.
Ce sera d’abord la n° 1 Signal School de Cranwell, pour la radio, puis la n° 8 Gunnery School à Evanton, en Ecosse, une des écoles de mitrailleurs.
« C’est là que nous avons reçu notre diplôme ; deux de nos camarades tahitiens furent tués à leur dernier vol d’entraînement. » écrit MARA.
L’accident fatal eut lieu le 21 mai 1942, en fin d’après-midi. Vers 17 h.30, un bimoteur Blackburn Botha s’écrasait à l’atterrissage sur l’aérodrome d’Evanton et prenait feu immédiatement. Des quatre hommes à bord, trois furent tués sur le coup et le quatrième mourut de ses brûlures et blessures un peu plus tard après avoir été transporté à l’hôpital militaire du secteur.
Les trois tués étaient le pilote, Flight-Sergeant Ian TELFER, le Leading Aircraftman (LAC) Leslie HUTT, 21 ans, Wireless Opérator/Air Gunner (radio-mitrailleur), tous les deux de la Royal Air Force d’active, et le Corporal Ernest GOURNAC, 21 ans, des « Free French Air Force », né à Tahiti en août 1920. Le quatrième membre de l’équipage fut extrait avec difficulté des débris de l’avion et transféré à l’hôpital. Atteint de très graves brûlures et blessures, il y décéda peu après son arrivée. C’était le Leading Aircraftman Eugène AUBRY, mort pour la France dans sa trentième année.
D’abord inhumé à Kiltearn, près d’Evanton, son corps fut transféré au Brookwood Military Cemetery, dans le Surrey, imposant cimentière militaire qui se trouve à environ 45 km au sud-ouest de Londres.
Bien des années plus tard, sa dépouille sera remise à sa famille pour être inhumée dans sa ville natale à Faaa.
Le caporal Eugène AUBRY sera cité à l’ordre des FAFL le 21 mai 1943, avec attribution de la Croix de guerre avec palme. Puis la médaille de la Résistance française lui sera décernée, (à titre posthume) par décret du 11 mars 1947, signé Vincent AURIOL, président de la République, décret publié au JORF du 27 mars 1947 (page M.R. 159)
NB : correspondances approximatives des grades de la Royal Air Force avec l’armée de l’air française :
Flight Sergeant : sergent-chef.
Corporal : caporal-chef.
Leading Aircraftman : caporal. MORIEULT Yves le dimanche 27 mars 2016 Recherche sur cette contribution | |