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Marius Léon Aimé Dorbon - son Livre ouvert ! " Vous aussi avez échappez au STO ?
Oui, alors j’ai échappé au STO, d’une façon légale pour commencer, d’abord parce qu’étudiant, j’ai bénéficié d’un sursis de départ puis à partir de juillet-août, j’ai été affecté…juillet… sur l’initiative de Jean Matteoli qui travaillait à la Préfecture, à un chantier qui pressait de la paille et du foin pour le compte des Allemands dans une vieille ferme à Montmuzard. J’ai donc travaillé là pendant quelques jours ou quelques semaines jusqu’au jour où j’ai fait mettre le feu au dépôt par deux de nos gars…qui habitaient dans le quartier et qui, avec mes plans et l’alcool que je leur avais fourni ont été mettre le feu au dépôt.
Ça a très bien réussi, la paille a bien brûlé, et ça a même mieux réussi que nous l’avons espéré car le garage allemand qui était attenant a brûlé lui aussi. Les deux frères Dorbon, que j’avais rencontrés, appartenaient à une organisation dont le chef était le curé de Saulx-le-Duc, l’abbé Grivelet, personnage tout à fait étonnant.
Il avait fait la guerre de 1914 et il avait fini comme officier pilote de l’avion de reconnaissance, il était resté officier de réserve, il avait acquis le grade de commandant, il ne s’était jamais tout à fait consolé de la fin de la guerre de 1914 où il avait vécu avec intensité, et il avait pris la tête d’un mouvement qu’il avait organisé qui était constitué de catholiques de ses paroisses de Tarsul, de Courtivron, de Saulx-le-Duc mais aussi de gens qui n’avaient aucun rapport avec la religion comme les deux frères Dorbon qui étaient parfaitement agnostiques.
Et… le 16 août 1943, les deux frères étaient installés devant la radio et ils attendaient un message, à la radio de Londres bien entendu, et puis tout à coup, le choc, « le corbeau croasse », bah je m’en souviens. Les 2 hommes ont réagi d’un seul coup, « c’est le message, nous aurons un parachutage ce soir ». Mais voilà, la police de Vichy avait effectué une descente quelques jours avant, avait arrêté un petit maquis en constitution à Courtivron, ils comptaient sur cette main d’œuvre pour accueillir le parachutage, ils risquaient de manquer de personnel. J’ai offert ma collaboration, on a bien voulu l’accepter. Vraiment… j’avais participé à la Résistance, en distribuant des journaux clandestins, c’était quand même bien léger, maintenant un avion, un quadrimoteur était venu d’Angleterre, de la libre Angleterre, où ils avaient largué trois parachutistes de la France Libre que nous avions accueilli et où ils répétaient, « maintenant tu fais la guerre à l’Allemagne ».
Puis il y a eu un 2ème parachutage, je n’y étais, pas j’étais à Dijon, au moment où il a eu lieu, sur un autre terrain moins dangereux moins risqué que celui de Poiseul, et les deux frères Dorbon ont été arrêtés par la Gestapo et quelques jours plus tard le curé de Saulx-le-Duc a échappé de quelques minutes à l’arrestation." Laurent Laloup le vendredi 16 août 2019 - Demander un contact La page d'origine de cette contribution Recherche sur cette contribution | |