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Paul Bardon - son Livre ouvert !
Bonjour.
Je vous envoi un récit sur ce qu'a été pour moi un grand moment.
Explications.
Les: Joélettes sont un aménagement sur un fauteuil qui permet à un PMR de s'assoir et d'être tracté par un accompagnant devant et un derrière.
Tous les deux ans l'Association Rhênes Alpes des amis de Saint Jacques, donne à des handicapés la possibilité d'aller à Saint Jacques de Compostelle
Le 11ème Pèlerin
Les Joëlettes vers Compostelle 2012, ont emmenées non pas 10, mais 11 Pèlerins.
* Les Pèlerins aux Joëlettes: sont les PMR et les mal voyant.
Ce 11ème Pèlerins que l'on pourrait croire "clandestin" était connu des quelques uns.
Il avait sa photo sur une crédential, qui a été "tamponné" comme celle de tous les autres participants.
Voici son histoire!
En cherchant dans le grenier des livres pour une de mes petites filles passionnées de lecture, j'ai retrouvé des cartons confectionnés à la hâte au décès de Maman afin de libérer la chambre de sa maison de retraite.
En ouvrant ces cartons porteur de chagrin et d'émotion; volontairement oubliés j'ai découvert alors des documents surprenant, datant de la dernière guerre.
Une carte "FFI" "Forces Françaises de l'Intérieur" au nom de ma Grand Mère Maternelle, avec sa photo son nom, son allias, son nom de code, mais aussi une citation à l'ordre de l'armée d'un frère de Maman; Paul, mon parrain.
Cet oncle, résistant déporté à Dachau est revenu tuberculeux et est décédé peu après.
J'ai un très vague souvenir de lui, j'étais bien petit, sa veuve est toujours en vie.
Internet à son côté "obscur" mais c'est aussi un outil de prospection et d'investigation extraordinaire.
Après quelques brèves recherches sur la toile, ou j'ai noté des adresses, d'amicales d'anciens déportés, d'associations diverses, j'ai envoyé des mails ici ou là comme ont jette des bouteilles à la mer, sans trop d'espoir.
Trois jours plus tard j'avais une réponse.
Le fils d'un déporté, lui aussi à Dachau, me faisait parvenir des renseignements très précis sur mon oncle, son arrestation après une dénonciation, sa déportation, Dachau et aussi ses références dans la résistance, c'est alors que j'ai failli tomber à la renverse.
Cet oncle appartenait à un réseau: SAINT JACQUES!!!!! En plus basé a Lyon, et il fut arrêté à Macon; la Région Rhônes Alpes.
J'ai mis un peu de temps à refaire: "surface" et je me suis dit qu'il me fallait faire quelque chose d'une manière ou d'une autre.
En attendant de prendre une décision j'ai continué à faire des recherches.
La Croix Rouge de Genève m'a indiqué une adresse en Allemagne.
J'ai reçu par courrier d'Allemagne des documents; fac-similé d'incarcération de déporté, avec le nom, les origines de mon oncle, les raisons qui l'avaient amenées dans ce camp, avec toujours la mention réseau: Saint Jacques.
A la fin de l'été, Pierre Morel: "Monsieur Joëlettes" m'a contacté pour me demander d'être du projet: "Joëlettes vers Compostelle 2012". L'occasion était toute trouvée.
Souhaitant donner une dimension particulière à ce périple j'ai pu avoir sur la crédentiale dédiée à mon oncle comme premier tampon, point de départ; celui de la nécropole de Morette haut lieu de la résistance.
Mais l'histoire ne s'arrête pas la.
J'ai pendant les moments particuliers de ce pèlerinage, ou l'on pense aux uns et aux autres; toujours eu à l'esprit le souvenir de celui qui était porteur de mon intention très personnelle.
C'est la troisième fois que j'ai la chance d'arriver à Santiago.
A chacun de mes passages, j'aime bien me rendre à la Cathédrale le matin à l'ouverture à sept heures et aller me recueillir dans la crypte avant la ruée bruyante de la journée.
Dans cet endroit particulier, intimiste, calme, serein, il est bon de faire son examen de conscience, de méditer.
En harmonie avec l'environnement, ému, j'ai vu arriver un prêtre en habit sacerdotal, accompagné d'un laïc permanent de la Cathédrale qui lui a ouvert une grille sur un coté de la Crypte.
Ce passage donne accès à un autel dans une petite chapelle qui se trouve derrière le cœur de l'édifice.
Cet autel, se situe à mi-hauteur; sous l'Abraso, mais au-dessus de la chasse en argent où sont déposées les reliques de Saint Jacques, avec une étoile, matérialisant le champ des étoiles.
Ce prêtre était accompagné de trois personnes pour qui il allait visiblement célébrer une messe.
Je lui ai demandé si je pouvais m'approcher et participer à l'office.
Il m'a répondu dans un français approximatif par l'affirmative en me disant qu'il était Allemand et que la célébration se ferait dans cette langue ; premier étonnement!
Dans un tel lieu, si près d'un apôtre disciple de la première heure, témoin de la passion de la résurrection, une messe prend une dimension hors du commun.
Après le crédo, dans les intentions particulières énoncées , le célébrant s'est tourné vers moi et m'a demandé alors que ce n'est pas coutumier, si j'avais un souhait, une requête, un être cher à évoquer.
Complètement anéanti, au comble de l'émotion je lui ai répondu en balbutiant par l'affirmative, mais que c'était très personnel et au dessus de mes forces dans l'instant de pouvoir m'exprimer.
La messe s'est terminée, nous nous sommes salués et je suis parti.
Je me suis alors rendu au Séminario derrière la Cathédrale lieu de notre hébergement pour prendre mon petit déjeuner.
A ma grande surprise j'ai vu alors que le célébrant de la messe qui venait d'être dite prenait lui aussi son petit déjeuner.
Je me suis dirigé vers lui, il m'a reconnu, m'a souri et je lui ai dit alors ceci: "Ne le prenez pas mal, je suis remis de mes émotions de tout à l'heure, et je voudrai maintenant vous expliquer ce qui m'a tant boulversè".
Et je lui ai raconté l'histoire de mon oncle, ses faits de résistance, Dachau, mes recherches, Le réseau Saint Jacques, la mort de mon parent.
Sans un mot il m'a écouté jusqu'au bout.
A la fin de mon récit, il s'est levé, nous nous sommes tombé dans les bras l'un et l'autre et nous avons eu une longue étreinte sous le regard étonné de ceux, Allemands pèlerins avec ce prêtre qui ne comprenaient pas très bien ce qui se passait.
Et puis chacun est reparti vers son destin.
C'était le sept octobre dernier 2012, il s'appelle Bruno, je l'aurai côtoyé un peu plus de deux heures dans mon existence, nous avons à peu près le même âge, je ne sais rien de lui, il y a peu de chance que nos chemins se croisent à nouveau un jour, mais je m'en rappellerai toujours.
Voilà l'histoire du 11ème pèlerin!!
Mon seul "petit" regret est de n'avoir pas eu une Compostella au nom de mon oncle que j'aurai aimé donner à son épouse toujours de ce monde.
ULTRÉÎA Backes le lundi 27 novembre 2023 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |
