Contributions - Les Français Libres

Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943

 
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Citation du "Conseil des Officiers" remise à son départ du 25ème Dragons


R O Y A L B O U R G O G N E

Au Lt-Colonel de WITASSE

Officier Supérieur,
incessamment Très Supérieur,
très bientôt Supérieurement Supérieur.

A, comme de nombreux Grands Chefs l'ont souvent dit, joint à des qualités éminentes de guerrier la touchante sollicitude du pacificateur.

Guerrier, le Lieutenant-Colonel de Witasse a, pendant deux ans, entraîné le 25ème Dragons à l'assaut des cimes de l'Ouarsénis à une cadence de Chasseur Alpin que la majorité des pauvres cavaliers n'ont suivie qu'au grand dam de leurs "nougats". A vaincu sans difficulté ses subordonnés dans une compétition aussi inégale, poursuivant sur sa lancée, a dépassé sans discussion possible, la cohorte des centurions dans l'ascension vers les étoiles.

A ces qualités éminemment terre à terre, le Lieutenant-Colonel de Witasse a su ajouter toute l'élégante désinvolture du cavalier, encore que sachant toujours où il allait, il lui est arrivé parfois de n'y parvenir qu'avec quelque approximation. A toujours su, avec l'assurance d'un grand Chef, démontrer qu'il n'en était rien.

A su, et c'est encore une des caractéristiques du Grand Chef, "faire suivre la logistique", ou la retrouver au détour d'un chemin, au hasard d'un de ses raids fantastiques. Ainsi, par l'exercice auquel il les a soumis, a largement contribué à l'amélioration des brêles d'Afrique du Nord, contraints à suivre de loin sa trace à une cadence inaccoutumée. Aura en outre une large part dans la prochaine béatification de son fidèle Capitaine Adjoint, bon Pasteur attitré de la caravane "Opérationnelle".

Entraînant ses subordonnés, foudroyant les rebelles, le Lieutenant-Colonel de Witasse, volant de victoire en victoire, ne s'est laissé arrêter dans sa marche triomphale ni par les "Cons", ni par les "Mauvais Cons", ni par les "Maquereaux". A de ce fait intimidé maint Supérieur, terrorisé les Services, balayé les plumitifs de tout poil. A, en quelques télégrammes percutants, en quelques coups de fil mémorables, bousculé la résistance des Etats-Majors, anéanti 1er et 4ème Bureaux. Mélangeant avec un art consommé mitrailleuses de 50, Aspirants du contingent, tanks-dozers et autres Officiers des Transmissions, a réussi à neutraliser, pour le plus grand bien du Régiment, les facultés de réflexion des intéressés.

A toujours consenti à livrer le téléphone au Commandant en Second avant de l'avoir mis définitivement HS, ou d'avoir réduit son interlocuteur au suicide. Parfois, emporté par la chaleur de ses convictions, n'a jamais manqué de répondre aux attentes de son entourage par un bon sourire de détente lorsque certains mots magiques étaient adroitement prononcés : "Tennis" ou "Musique".

A par contre, car toute médaille a son revers, achevé sur les "courts" la fleur de son Régiment échappée aux courses du Djebel, et enseveli sous les flots tumultueux et, ô! combien abondants de la Passion selon St Matthieu, toute réaction de son Etat-Major.

Enfant chéri des Dieux, le Lieutenant-Colonel de Witasse aura enfin au cours de son long séjour en terre d'Afrique, et contrairement à beaucoup d'autres, rehaussé encore l'éclat d'une prestance très admirée des Malakoffiennes.

A une élégance de Sous-Lieutenant, il a ajouté la coquetterie d'une cravate seyante (Commandeur de la Légion d'Honneur), fierté de tout le Régiment, et dont on s'est longtemps demandé si, à l'instar de sa barbe en opération, il la porterait sur ou sous le col. Enfin, au charme d'une calvitie distinguée, les circonstances lui ont permis d'ajouter l'attrait d'un duvet attirant sans que, selon ses théories, ses capacités puissent expérimentalement être mises en doute car, suivant encore une de ses paroles mémorables :
"ON NE BAISE TOUT DE MÊME PAS ASSEZ ICI".

Fier d'avoir eu à sa tête un Homme du Monde aussi séduisant, un Diplomate aussi souple, un Mélomane aussi averti, un Sportif aussi enragé, un Guerrier aussi énergique, le Conseil des Officiers du Royal Bourgogne Cavalerie prie son Mestre de Camp de bien vouloir agréer le présent texte de citation comme un hommage et de sa gratitude et de son respectueux attachement au "Patron" qu'il a été pour eux, car :

"PUTAIN D'ADELE"
IL VOUS AIME QUAND MÊME BIEN VOTRE REGIMENT MON COLONEL.

Le Conseil.

Signatures des Officiers :


La présente Citation comporte l'attribution de 11heures 32minutes 45secondes de musique classique. A absorber par comprimés de trois disques à la première manifestation de vie intempestive. Doubler la dose si la cause d'exaltation est un mauvais con d'un quelconque Etat-Major.

Véronique de Solère le mardi 02 février 2021

Contribution au livre ouvert de Jacques Marie Gaston Nicolas de Witasse

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