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Frank Bauer Extrait de "Jean Oberlé vous parle..." :
"Dans les Forces Françaises Libres, nous trouvâmes le jeune Frank Bauer, un garçon maigre, à la fois cynique et naïf, intelligent et drôle. Il avait une vingtaine d'années, était d'origine alsacienne, profondément patriote, avec une haine des Allemands et des Italiens, bien compréhensible, quand on saura que, pendant l'exode, sa sœur et lui, à bicyclette sur les routes de France, avaient été mitraillés par des avions ennemis. Il avait abandonné dans un presbytère sa sœur, grièvement blessé, certain qu'elle était morte, et il parlait avec tristesse de cette sœur chérie jusqu'au jour où il reçut de France une lettre d'elle, guérie miraculeusement. Frank Bauer en conçut une joie profonde, et se lança avec encore plus de frénésie dans la musique de jazz et sur le piano qu'il tenait dans une boîte de nuit, après l'émission du soir, pour mettre un peu de beurre dans les épinards, qui en manquent, comme chacun sait, en Angleterre. Il arriva même à convaincre Jacques Duchesne de lui laisser faire le samedi, à minuit et demi, une émission d'un quart d'heure sur la musique de jazz, émission dont il croyait sincèrement qu'elle aidait la jeunesse française à résister.
Frank Bauer était un de nos principaux annonceurs. Il aurait pu écrire des « papiers », mais il se contentait d'annoncer ceux des autres, de jouer du piano ou de dessiner les plans du yacht dont il rêve depuis longtemps. Il avait très peur des bombardements, mais il l'avouait franchement, ce qui, ajoutait-il, « prouve que je ne manque pas d'un certain courage ». " Laurent Laloup le vendredi 28 mars 2008 Contribution au livre ouvert de Franck Adolphe Edouard Bauer | |