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     " L'histoire 
 
La mission « Cockle » (coquillage) sous la responsabilité du colonel Rémy et de Guy Lenfant, devait organiser et armer la Résistance. Albert Le Moing y fut engagé lors d'opérations de parachutage d'armes et de munitions. Les caissons seront entreposés et camouflés à la ferme de Boju, à Kerbourhis dans la ferme de Joseph Tuffin, à Kerfourn et Crédin. 
 
La Gestapo arrête d'abord H. Crévic « imprudent et coupable de porter sur lui les listes des dépôts », témoigne Antoine, le fils aîné d'Albert Le Moing. Elle se rend vers 16 h, à Boju, et arrête Albert dans son champ. « J'ai toujours cette vision de la silhouette du milicien nazi, en grand manteau noir et chapeau, venu l'interpeller », se rappelle Antoine avec émotion. Dans la foulée, les Allemands arrêtent Joseph Tuffin dans le bourg, Jean Le Deist à Kerfourn, Vincent Guillo à Crédin et le père Guénaël, moine à Timadeuc qui avait caché des parachutistes alliés. 
 
Départ vers les camps 
 
Les cinq hommes sont conduits à la prison Jacques-Cartier de Rennes. Pendant 55 jours, ils subissent des interrogatoires musclés. En mai 44, après un bref passage à la forteresse d'Angoulême, les prisonniers sont transférés au camp de transit de Compiègne. Puis, ils sont entassés dans des wagons à bestiaux pour un voyage d'une huitaine de jours, sans nourriture. Ils arrivent vivants au camp de Neuengamme, en Allemagne du Nord. 
 
Maltraitance, privation de nourriture, déshumanisation sont leur lot quotidien. Joseph Tuffin, Vincent Guillo et le père Guénaël ne résistent pas à ces traitements et décèdent en février 1945. Plus jeune, Albert Le Moing, 40 ans, est envoyé à Sachsenhausen, au nord de Berlin, pour travailler à l'usine d'armement où il sabote tout ce qu'il peut. 
 
Avec un seul repas quotidien composé d'une mince tranche de pain, d'une sorte de soupe avec une tranche de rutabaga, il était difficile de résister au froid. « Les pendaisons des détenus, les sévices corporels, les images de barbarie sont gravées à jamais dans ma tête », racontera Albert Le Moing. 
 
La délivrance 
 
L'armée russe libère le camp le 26 avril 1945. Albert Le Moing ne pesait plus que 43 kg et il en avait perdu 49. Au camp de Sacshenhausen, 100 167 déportés sur 204 000 ont laissé leur vie dans les fours crématoires, sans certificat de décès. « Malgré les horribles traitements, la réduction à l'état de bêtes, notre père n'a jamais fait l'apologie de la haine, de l'aversion ou de la vengeance envers le peuple allemand qui a aussi souffert du nazisme », conclut Antoine Le Moing, après avoir remémoré le passé de déporté-résistant de son père, de 1943 à 1945. 
 
A l'occasion de la commémoration de l'Armistice, la plaque du « Square Albert-Le Moing » a été dévoilée par Lou, arrière-petite-fille d'Albert Le Moing."
 Laurent Laloup le vendredi 07 juin 2019 Contribution au livre ouvert de Albert Le Moing  |  |