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 " Adrienne Bolland: aviatrice et féministe
lundi, 17 septembre 2018
Hasard de calendrier, alors que la métropole orléanaise s’apprête à accueillir la semaine prochaine, le Parlement des Ecrivaines Francophones (sur lequel Magcentre reviendra prochainement), les archives départementales du Loiret rendent hommage à une loirétaine d’exception, l’aviatrice Adrienne Bolland à l’occasion de la remise par la famille d’un important fond d’archives personnelles.
Née à Arcueil en 1895, Adrienne Bolland vit une partie de sa jeunesse au château des Charmettes à Donnery. Après le décès prématuré de son père géographe, qui lui inculqua peut-être le gout de l’aventure, et devant les difficultés financières de sa famille qui s’ensuivent, Adrienne choisit une voie qui fait scandale dans son entourage: devenir pilote d’avion. Elle s’inscrit en 1919 donc à la prestigieuse école de pilotage Caudron installée sur les plages du Crotoy dans la Somme, école qui forma nombre de pilotes de la grande guerre et en janvier 1920 elle devient la treizième femme brevetée.
Elle enchaine aussitôt deux exploits qui la feront connaitre du grand public: la traversée de la Manche le 25 aout 1920, première femme dans le sens France-Angleterre et surtout une incroyable traversée des Andes entre l’Argentine et le Chili, celle-là même que rendit célèbre dix ans plus tard le pilote Guillaumet pour l’Aéropostale en s’écrasant sur les sommets. Un exploit d’autant plus exceptionnel qu’il est réalisé sur un avion Caudron G3, avion rudimentaire conçu en 1914 construit en bois et toile, avec un moteur de 80 ch et un plafond limité 4 000 mètres d’altitude !…
Une femme engagée
Elle regagnera la France deux ans plus tard pour se consacrer à de nombreux meetings aériens qui lui donneront l’occasion de réaliser un autre exploit personnel avec 212 loopings en 72 minutes… Mais ce qu’omet singulièrement la présentation des Archives Départementales, c’est l’engagement politique très actif de l’aviatrice, d’abord dès les années trente pour le doit de vote des femmes en soutenant le combat de Louise Weiss, entrainant les autres aviatrices Maryse Bastié et Hélène Boucher dans ce combat.
Opposée à tous les totalitarismes, fidèle à ses valeurs d’humanisme, proche de Jean Moulin et du responsable de l’Aviation populaire, Sadi-Lecointe, elle aidera celui-ci au recrutement des pilotes de l’escadrille España dirigée par André Malraux, à partir de 1936, qui viendront soutenir les forces républicaines espagnoles face aux escadrilles allemandes de Guernica. Ses choix et ses positions politiques ouvertement à gauche lui vaudront de nombreux sabotages: elle réchappera à pas moins de sept accidents graves.
En 1940, elle décide, avec son mari, de rester dans la zone occupée par les Allemands, puis de rejoindre le réseau de résistance CND-Castille du Loiret. À Donnery, le couple se charge alors du repérage des terrains susceptibles d’aider les Forces aériennes françaises libres .
Elle continuera son action pour le droit des femmes et l’insertion des jeunes après la guerre, elle décède le 18 mars 1975 à Paris et est inhumée au cimetière de Donnery (Loiret) où une rue porte son nom.
GP "
Laurent Laloup le mardi 18 septembre 2018 Contribution au livre ouvert de Adrienne Armande Pauline Bolland épouse Vinchon | |
