Contributions - Les Français Libres

Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943

 
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Rapport du Lieutenant Walton sur la tragédie du chasseur 8 Rennes le 13 Juillet 1942

Archives Michael Walton

Traduction (Estelle Vallois, Le Havre)

Comment le chasseur 8 a coulé.
Récit de l’officier de liaison anglais :
Copie
J’espère que vous m’excuserez si je fais le compte-rendu informel de la perte du chasseur 8, je suis alité et n’ai pas d’installation pour faire un rapport en due forme.
A peu près à 19:04 le 13 juillet furent repérés à l’aide du faisceau bâbord 2 engins motorisés venant directement vers nous à une direction de 3 miles (5.5 kilomètres). Des ordres furent donnés aux hommes en veille sur le pont de se tenir près de leurs armes. Les avions n’étaient pas reconnus comme hostiles et l’on ne sonna pas le branle-bas de combat.
A environ 1000 yards (900 mètres), les avions qui s’étaient approchés à 200 pieds (60 mètres) prirent soudainement de l’altitude pour créer l’impression qu’ils étaient amicaux, qu’ils nous avaient juste vus et qu’ils s’en allaient. La visibilité n’était que de 5 miles (9 kilomètres). Ils replongèrent immédiatement tout droit vers nous. Le commandant donna l’ordre d’ouvrir le feu. Nous ouvrîmes le feu au même moment où les avions ouvrirent le feu avec leurs mitrailleuses.
Je pouvais entendre les balles frapper le navire et je vis des traceurs toucher le pont de la timonerie. Je crois que le premier maître Guillemet prit ou se tint à proximité de la mitraillette. Il était de veille mais donna la responsabilité du navire au Commandant qui fit immédiatement feu. Le feu était si intense que je me rappelais seulement que je regardais le Commandant au cas où il aurait eu besoin d’aide, pensant que les avions visaient haut, probablement la timonerie. Après quelques secondes, il y eu une explosion à l’avant. J’ai clairement vu l’explosion, les flammes faisaient 16 pieds de haut (plus d’un mètre) et je crois que la bombe qui causa les explosions tomba dans le mess du Quartier-Maître. L'explosion n'a pas réduit en miettes le navire et je n'ai pas senti non plus de choc en timonerie. Cependant, immédiatement après l'explosion, le navire se coupa en deux juste à l'avant de la cheminée. En moins de 5 secondes, j'avais de l'eau jusqu'à la taille et on me tira par ma ceinture de sauvetage sur le pont. La proue se souleva et j'échappais de justesse le fait d'être emprisonné par le devant de la timonerie arrivant sur ma tête. Je passai par-dessus tribord et le Commandant, à bâbord d'où il rejoignit un bateau de secours qui dérivait là. Le navire coula presque avant que je me sois dégagé, c'est à dire 5 secondes avant l'explosion. Il était évident que personne sur le pont du mess n'avait pu s'échapper. En fait, je pense que personne en dessous des ponts ne pouvait s'être échappé. Ensuite, les avions sont revenus immédiatement, très bas et à une vitesse lente. A ma surprise, ils n'ont pas mitraillé les survivants mais sont passés et ont pris la direction du sud, sans dommages apparents de notre riposte.
La mer n'était pas calme. Les vagues étaient de 4 5 pieds (1,2 mètres) avec de temps en temps des vagues qui déferlaient. Je pouvais voir à peu près 8 personnes à 50 mètres de moi dans l'eau, quelques-unes visiblement blessées et qui criaient. Je n'ai pas reconnu de personnes car tous étaient recouverts d'huile, pourtant j'ai cru voir le télégraphiste anglais RIAN. J'avais trouvé un petit débris de navire et pensant que cela pourrait aider un blessé, je nageai avec. Le courant était trop fort pour nager mais à la fin, je vis le Commandant dans le bateau de secours qui coulait (l'embarcation avait été gravement endommagée) et je réussis à aller vers lui et à le prendre sur mon débris de navire. Il avait passé un sale quart d'heure et apparemment, il avait passé un bout de temps dans l'eau. Les autres hommes avaient entre temps dérivé et ne furent plus revus.
Le Commandant et moi restèrent sur le débris de navire qui nous maintenait le haut du corps, mais qui pouvait facilement se retourner. Le matin nous entendîmes le bruit d'un moteur, que nous pensions être celui d'un bateau. Je fis un SOS et d'autres choses de mon sifflet et nous criâmes.
Rien ne se passa. A à peu près 8 heures, le Commandant fut pris de délire et perdit conscience à peu près une heure après. En posant mon bras autour de lui, il fut facile de le maintenir à flot. La visibilité était mauvaise et on ne pouvait voir terre. Il n'y avait ni bateaux ni avions. J'essayais en vain de redonner vie au Commandant et je ne savais pas s'il était mort ou inconscient. Vers 11.00 une vague le retourna et il coula. J'ai essayé de le retourner mais je n'ai pas pu et il a coulé si rapidement. Il avait une ceinture et moi, un gilet de sauvetage qui m'empêchait de plonger. Après plusieurs tentatives pour attirer les avions, je fus recueilli par un MGB à 14.00. J'étais à 6 miles du naufrage du navire.
La vitesse du navire au moment de l'attaque était de 10 miles. Le navire n'a pas dévié pendant l'attaque. Aucun signal MAYDAY n'a été lancé car le temps de s'apercevoir que l'avion était hostile, le temps a manqué.
Je m'excuse du caractère personnel de ce rapport mais les choses sont arrivées si rapidement que je n'ai pu avoir qu'un sentiment personnel de ce qui est arrivé.
Lieutenant Walton, RNVR (réserviste de la Royal Navy et engagé volontaire)
Du quartier des malades de la Royal Navy.



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Roumeguère le mardi 17 avril 2018

Réponse :

24 Français Libres  et deux marins britanniques, Bert K. Payne et Arthur Michael Ryan, sont morts dans ce naufrage.

Contribution au livre ouvert de Guy Robert Perrault

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