Contributions - Les Français Libres

Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943

 
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Quand Kocha était de l'autre coté

Dans "Le chemin le plus long"

Le paysage est surprenant. Une zone semi-désertique vallonnée où file la route, et vers la droite, à l’est, irréelle, une chaîne de montagnes, si habilement peinte au fond du ciel bleu d’Orient qu’elle semble le tracé d’un projet de nuage : le Djebel Druse. Dans 15 km, le carrefour de la route de Soueïda, capitale de cette zone montagneuse, où ils ne vont pas, puisque les chars qu’ils vont ravitailler en carburant sont en route pour Damas. Peut-être même sont-ils déjà à Damas. Ou peut-être nous attendent-ils pour poursuivre leur progression. Ils ne transportent pas que le carburant, mais, tout de même, le carburant, c’est vital.
- Qu’est-ce qui se passe ? Le moteur ne tourne plus...
- Allons bon, le voilà qui brûle. Et ces sifflements, qu’est-ce que c’est ?
- C’est le baptême du feu, mon gars.
Sans se concerter, Herry et Lavoipierre se retrouvent dans le fossé. Avant de gicler du camion, ils ont eu le temps d’apercevoir à 200 mètres devant, derrière une petite butte le long de la route, une tourelle d’automitrailleuse crachant des flammes. Allongés dans le fossé, ils essaient de ne faire qu’un avec le sol. Ils voudraient bien relever la tête, se servir de leur mousqueton. Mais ces sifflements au ras des oreilles, ils ont bien compris que ce sont des balles ; ça s’arrête, puis ça reprend. Pas moyen de bouger. La pétarade se rapproche, en même temps qu’un bruit de moteur. Puis le silence et une voix qui leur crie :
- Debout, et les mains en l’air !
Ils se lèvent. Un œil noir les regarde, l’œil noir d’une mitrailleuse. Pas question de faire le mariole.
À la hauteur du deuxième camion, Ancel et Sichel, tout pareil, comme deux cons, ont les mains en l’air. Un peu plus loin, Audibert et les deux Camerounais. Du camion qui brûle s’échappe une épaisse fumée noire. Comme en juin 40, au loin, Brest qui brûlait. La guerre, c’est ça, il y a toujours une fumée noire dans le décor. Et eux, tous les gars du convoi, ils sont faits aux pattes.
Ils vont en file indienne, les mains en l’air, pour se faire embarquer dans un de leurs camions qui attend dans un tournant. Herry est pris sur l’A.M., derrière la tourelle. Sauter, faire un roulé-boulé, ce ne serait pas impossible ; mais il vaut mieux attendre de longer quelque buisson ou murette si ça existe quelque part dans ce paysage de mort subite. Le lieutenant (Herry a noté son nom au passage : Kochanowsky) qui est à la tourelle de l’A.M. a un colt tout armé à la main : il fait un signe sans ambiguïté. Du coup, il remballe ses projets d’évasion. Dans l’immédiat, s’entend ! C’est toujours gentil de prévenir. Mais comment se fait-il que les pensées se lisent ainsi sur les visages ? Ce type n’a pas l’air borné comme les autres : des rengagés qui marchent sur leur retraite en écrasant tout sur le passage.

Jacques Ghémard le jeudi 19 juillet 2007

Contribution au livre ouvert de Youri Georges Kochanowski

Montrée dans le livre ouvert de 2 Léon Paul Alexis Ancel | 3 André Emile Audibert | 4 Jacques Emmanuel Victor Herry | 5 Henri Léon Georges Raymond Lavoipierre | 6 Martial Emile Michel Sichel

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