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"La Vieille Equipe", de Bernard Dupérier, Berger Levrault

" Ma question part dans un réflexe : « Qu'est-ce qui se passe? Vous en faites des têtes!
Mon Commandant, répond Schlœsing, quatre pilotes sont partis à 10 heures, pour des rhubarbes.
Et alors? Résultats?
— Chauvin et Hélies ne sont pas rentrés. »
Catastrophe! Aucune précision ne peut être obtenue. Le capitaine Chauvin, commandant le flight « A » et son adjoint le lieutenant Hélies ont disparu sans laisser de traces, dans la brume grise qui baigne aujourd'hui les côtes de France.
J'enrage, je les aimais trop l'un et l'autre pour ne pas être mis hors de moi par cette perte cruelle. Hélies, en qui étaient tant de promesses, et Chauvin, un des tout premiers du 340 et dont l'herculéenne gentillesse et l'éternel sourire étaient si souvent un réconfort aux moments difficiles.
Il me faut aussi aller prévenir Mme Chauvin et lui rapporter la veste de son mari et la grande chienne berger allemand qui ne veut pas quitter le placard où Francis a laissé ses effets. Je suis obligé avec Bechoff de porter la pauvre bête dans ma voiture, car elle s'échappe pour revenir se coucher où son maître l'a laissée.
Nous sonnons à la petite maison qu'habitent les Chauvin. la porte s'entrouvre et dès qu'elle me voit portant la veste de Francis, la jeune femme a compris. Ses yeux se remplissent de larmes, mais elle se raidit et cherche à esquisser malgré tout un sourire ! « J'ai confiance », dit-elle, « Francis reviendra! » et quelques instants plus tard, comme je lui conseillais de retourner dans sa famille pour y attendre des nouvelles : « Je sais que Francis reviendra, mais en attendant, puisqu'il ne peut plus travailler pour la victoire, c'est moi qui ferai notre part, je pense qu'il sera content si je fais ce que je peux. Je vais aller m'engager dans une usine d'armement (1). »
Nous avons, Béchoff et moi, quitté Mme Chauvin rem­plis d'une admiration sans bornes pour cette frêle jeune femme blonde qui sait trouver tant de courage et de confiance dans l'amour qu'elle a pour son mari.

1 : Le capitaine Chauvin, abattu sur la côte près de Boulogne et blessé, fut fait prisonnier, et après plusieurs tentatives d'évasion, réussit enfin à rentrer par la Russie au début de 1945. "

laurent le dimanche 12 juillet 2009

Contribution au livre ouvert de Francis Aimé Chauvin alias Régis

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