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Revue de la Fondation de la France libre N°30 (décembre 2008) :
IN MEMORIAM
Le capitaine de vaisseau Bouchi-Lamontagne est né le 25 avril 1919 à Toulon. Elève officier de la marine marchande, il est mobilisé en septembre 1939 et suit le cours des chefs de quart à Brest.
En juin 1940 il est nommé officier en second sur le dragueur Roule qui sert d'appât aux troupes allemandes pendant leur progression le long des côtes normandes, afin de permettre au cuirassé Courbet de repérer leurs tirs et de les bombarder. A l'arrivée de l'ennemi, il quitte Cherbourg et rejoint Portsmouth en Grande-Bretagne. Il rallie immédiatement la France libre, est promu aspirant et suit un stage d'asdic supérieur avant d'embarquer sur le contre-torpilleur Léopard engagé dans la bataille de l'Atlantique; j'étais alors élève-aspirant et à ses côtés lors des premiers combats victorieux du Léopard contre les sous-marins allemands.
En mai 1941, il est instructeur à l'Ecole navale FNFL, chargé de la formation des jeunes élèves officiers.
En 1942, il est officier de manœuvre puis second du patrouilleur Reine de Flots, et assure avec succès escortes et patrouilles en Afrique et en Méditerranée. En 1943 et jusqu'en mai 1945, il est à bord de l'aviso La Moqueuse et participe au débarquement de Provence. A la fin des hostilités, il commande le D 363 en opérations de dragage en Manche et devant les poches de l'Atlantique.
Il quitte le service actif en février 1949 titulaire de la Croix de guerre avec de nombreuses citations. En tant que capitaine au long cours, il sert à la Compagnie des Transports Océaniques et à la Cie générale transatlantique jusqu'en 1951, quand il entre à la compagnie du canal de Suez comme officier de port à Port-Saïd. A la nationalisation du canal, il sert à la Compagnie Thompson comme chef des services généraux. Il prend sa retraite en 1982, commandeur du Mérite maritime, pour aborder une troisième carrière, celle de vice-président et trésorier général de l'association des FNFL où inlassablement il va se dévouer sans limites pour nos camarades. Sa générosité naturelle et son honnêteté exemplaire l'amènent à s'occuper spontanément des plus démunis des FFL, à se pencher avec discrétion sur les misères cachées, apporter aux uns et aux autres un soutien matériel mais aussi une aide morale. Sa disponibilité de tous les instants font qu'il répondait toujours présent pour toutes les missions même impossibles. Sa patience inlassable et sa rigueur ont permis l'édition du tome 5 de l'Historique qui a nécessité le recueil des données sur 14735 marins FNFL. Le commandant était talentueux dans tous les domaines qu'il abordait, je perds un collaborateur irremplaçable. Sa mort signifie également la fin de notre Association officiellement sublimée depuis le 18 juin 2000 mais que nous faisions subsister grâce à son implacable énergie.
J'ai été heureux de lui remettre personnellement la cravate de la Légion d'honneur et la plaque de Grand officier de l'ordre national du Mérite, mais surtout, avant que son corps ne soit livré à la Science comme il l'a souhaité dans la droite ligne qu'il avait choisie du don de soi, de pouvoir lui rendre au Val de Grâce en présence de sa famille et de notre porte-drapeau un dernier hommage au nom de tous ceux qu'il a si bien servis. Laurent Laloup le samedi 27 décembre 2008 Contribution au livre ouvert de André Bouchi Lamontagne | |