Le 16 août, le convoi maritime de la DFL mouille devant Cavalaire.
Le BM21 débarque le 17 et est aussitôt dirigé vers l'ouest.
Le 19, la 4e Brigade est engagée sur le Gapeau devant Hyères encore occupé par l'ennemi. Le BIMP est à droite face à l'hôtel du Golf, le BM24 à gauche le long du Gapeau, le BM21 en réserve derrière le BM24. Le 20 août le BIMP. et le BM24 sont stoppés dans leur progression au début de la nuit. Le BM21, qui est derrière le BM24, est autorisé à prendre l'affaire à son compte. II dépasse donc le BM24 et audacieusement s'infiltre en colonne le long de la voie ferrée menant à Hyères, la 3e Compagnie en tête.
Bousculant dans la foulée les résistances ennemies surprises, le Bataillon s'enfonce en coin dans le dispositif allemand et réussit avant le jour à s'installer solidement en hérisson aux lisières de Hyères, en contact étroit avec l'ennemi dans toutes les directions.
Au jour BM24 et BIMP reprennent la progression à la droite du Bataillon.
Le contact ennemi se desserre. Au début de l'après-midi le Bataillon avance dans la ville en direction de la gare qui est occupée de vive force en fin d'après-midi, sous un violent bombardement ennemi.
Le 21 août en fin de matinée le Bataillon qui se préparait à partir vers l'ouest reçoit l'ordre d'accélérer son mouvement pour épauler les Fusiliers-Marins durement accrochés dans le village du Pradet.
Effectivement l'ennemi tient solidement les crêtes à l'ouest du Pradet et ses automoteurs se montrent particulièrement agressifs, prenant le Bataillon en écharpe depuis les crêtes du village de la Garde qui ne sera pris d'assaut qu'en fin de journée par le BIMP.
Le 23 et le 24 août le Bataillon conquiert en combattant les crêtes entourant le Fort Sainte-Marguerite très fortement tenu ainsi que les maisons qui le bordent.
L'assaut sera difficile.
Avant de se lancer, on tente le coup de bluff qui vient déjà de réussir au Fort de Carquéiranne grâce au Capitaine Muller, officier adjoint en chef de Bataillon.
Le coup de bluff réussit là encore miraculeusement : le commandant de l'ouvrage accepte de se rendre.
Bilan : plus de 850 prisonniers avec armes et bagages.
Après la prise de Toulon, le Bataillon suit le mouvement de la 4e Brigade, d'abord vers Nîmes puis de Nîmes à Lyon, Dijon » et en direction de Belfort.
Le BM21 est à nouveau engagé le 26 septembre en direction de Ronchamp.
II s'empare après un dur combat en rase campagne du village de Clairegoutte (tués : Sous-Lieutenant Barjou, Adjudant Seyller ; blessé : Sergent-Chef Pinaud). Par un coup d'audace deux sections de la troisième Compagnie conduites par le Lieutenant Gras conquièrent le village Frédéric-Fontaine et réussissent à s'y maintenir malgré une violente contre-attaque ennemie (blessés : Sous-Lieutenant Tommase et Sous-Lieutenant Compain).
Du 29 au 4 novembre le Bataillon participe avec les blindés à la traversée de la forêt et à la prise du village d'Eboulet (blessé : Lieutenant Buntz de la CA : tué : Adjudant indigène Mahamat Abirahim de la CA).
Dans Ronchamp prise, le BM21 s'installe en position défensive, au contact de l'ennemi qui tient Champagney, et sous le feu des automoteurs ennemis profitant des commodes positions de batterie sur les crêtes bordant l'ouest de la cuvette de Belfort.
C'est l'automne, le temps devient froid, à la pluie succède la neige.
Les Africains, du reste très largement rapatriables, sont très éprouvés par le froid ; leur relève doit être faite très rapidement.
Le mois d'octobre est donc employé à « blanchir » le Bataillon avec de jeunes engagés volontaires (dont d'importants contingents de l'Aisne) que l'on n'a pas le loisir d'instruire et qui aussitôt doivent monter en ligne sur les positions défensives du Bataillon. Ces braves garçons qui seront des garçons braves vont faire leurs classes en combattant. Ils ne connaîtront peut-être pas toutes les finesses des manoeuvres mais ils compenseront leur manque d'instruction militaire par beaucoup de courage et de bonne volonté !
L'offensive reprend le 18 novembre avec pour objectifs Belfort et la Haute-Alsace.
Le 19, le Bataillon prend Champagney et le Magny (tué : Lieutenant Robertson de la 31 Compagnie), le 21, La Chapelle-sous-Chaux. Il arrive enfin le 25 avec une colonne de Fusiliers-Marins à Rougemont-le-Château, porte de l'Alsace ; il est alors dépassé par la 5e DB.
Le 28 novembre le Commandant Fournier est nommé Chef d'Etat Major de la 4e Brigade ; le Capitaine Oursel prend le commandement du Bataillon.
Au cours du mois de décembre le Bataillon suit !es mouvements de la DFL qui. retirée d'Alsace, vient prendre position devant Royan puis brusquement est renvoyée vers l'Alsace où se développe l'offensive de Von Runstaedt.
Le 1er janvier le BM21 est chargé de relever les éléments de la 2e DB et de s'installer en position défensive face au sud-est à Erstein, Osthouse et Kraft le long de l'lll et du canal de décharge de l'lll au Rhin, étiré sur 11 km.
Le 4 janvier, la situation étant critique au nord de l'Alsace, le Bataillon modifie son dispositif et se déploie face au nord, mais reprend le 6 ses positions face au sud où l'ennemi s'agite depuis la poche de Colmar.
Effectivement, l'attaque ennemie venant du Sud se produit le 7 janvier.
Dépassant les points d'appui du BIMP et du BM24, les colonnes blindées ennemies arrivent en fin de matinée devant le pont d'Osthouse tenu par la 3e Compagnie du Capitaine Muller.
Bloqué devant ce pont, l'ennemi défile à la recherche d'un passage devant Erstein et jusqu'à Kraft solidement tenu par la 2' Compagnie du Capitaine Lafaurie, appuyée par les armes lourdes de la CA et de la Compagnie de Canons de la Brigade.
Kraft tient ; la route de Strasbourg est fermée.
Du 8 au 16 janvier l'ennemi maintient sa pression sur les trois points d'appui du Bataillon à Osthouse, à Erstein et surtout à Kraft dont la garnison est fortement éprouvée par de durs bombardements. mais le front du Bataillon tient. L'ennemi s'acharnera sur les points d'appui du BIMP à Herbstein et Rossfeld et du BM24 à Obenheim qui sera pris le 10 janvier.
Mais l'offensive allemande est à bout de souffle et s'arrête.
Le 18 janvier le Bataillon est relevé par la 3e DIA et est porté à Sélestat où il relève le BM4.
La ville est entre nos mains mais l'ennemi en tient les débouchés à l'est et au sud et arrête toutes les reconnaissances lancées par le Bataillon pour donner de l'air à la ville.
Le 30 janvier le Bataillon est relevé de Sélestat par les Tabors et se porte à Illhausern où il reçoit pour mission de s'emparer d'Elsenheim.
II mène de très durs combats le long de la Blind dans le bois de Wustmatten (tué : Sous-Lieutenant Rostand 1ère Compagnie ; blessé : Lieutenant Bastien).
Enfin avec Fusiliers-Marins et chars de la 2e DB, il occupe le 31 janvier Elsenheim et Ohnenheim, puis dans la nuit du 31 janvier au 1er février la 1ère Compagnie du Capitaine Gory se force un passage jusqu'à Marckolsheim où de nombreux prisonniers sont faits.
Le Rhin est enfin atteint. Le 15 février le Bataillon est relevé de Marckolsheim et est envoyé au repos à Sélestat.
Mi-mars, la DFL est transférée sur le front des Alpes.
Le BM21 arrive le 13 mars à Cannes d'où il fait mouvement le 26 mars sur Tourette-Cevens.
L'instruction et l'entraînement physique sont poussés intensivement dans les unités pour préparer les opérations en montagne.
Le 5 avril il est renforcé par la Compagnie d'Eclaireurs-Skieurs du Lieutenant Montel.
Le 9 avril le Bataillon monte sur ses bases de départ, à l'extrême gauche de la DFL. Il a charge de couvrir l'attaque de l'Authion en s'emparant du Col de Rauss puis en poussant jusqu'à Fontan dans la vallée de la Roya.
La 1ère Compagnie est maintenue en réserve de Brigade à Lantosque.
Après une très pénible progression sur les lignes des crêtes qui atteignent parfois 2000 mètres, la 3e Compagnie occupe à midi la cime de Tuor qui domine l'ouvrage fortifié du col de Rauss cependant que la Compagnie d'éclaireurs-skieurs pitonne sur les Capelets.
Collant au plus près d'un tir d'appui magistralement exécuté par la CCI4 du Capitaine Foubert, la 3e Compagnie se jette fougueusement sur l'ouvrage de Rauss et s'en empare avant que ses défenseurs aient eu le temps de réagir. Elle va y refouler à l'aube du 11 avril une contre-attaque allemande.
Pour soulager le BIMP qui peine durement sur l'Authion, le Bataillon reçoit l'ordre de tenter une opération de diversion en direction de l'ouvrage fortifié de la Baisse de St-Véran.
L'action est tentée par la 2e Compagnie du Capitaine Lafaurie, mais le terrain est trop défavorable par suite de la position dominante de l'ouvrage, la Compagnie arrive jusqu'à la première casemate mais ne peut en déboucher et doit se replier vers une position moins dangereusement découverte.
Le 12 avril la 1ère Compagnie engagée sur l'Authion s'empare de vive force du Fort de la Forca et, descendant par les lignes de crêtes, occupe le 13 avril l'ouvrage de la Baisse de St-Véran que l'ennemi a évacué au cours de la nuit.
Du 14 au 17 avril, par une succession de manoeuvres combinant attaques frontales et débordements par les flancs, le Bataillon pousse ses premiers éléments jusqu'à la cime de Pézurbe qui domine la vallée de la Roya.
L'ennemi ne cède le terrain que pied à pied ; il lance même le 18 avril en rangs serrés aux cris de « Heil Hitler » une violente contre-attaque contre les éléments de la 1ère Compagnie qui tiennent la cime de Pézurbe sous le commandement du Lieutenant Robi-Arqueros.
Mais la 1ère Compagnie s'accroche et refoule les chasseurs de montagne ennemis.
Etiré sur des kilomètres, le Bataillon est épuisé par dix jours de combats dans la montagne.
A partir du 19, ordre est donné au 2e Bataillon de la 13e demi-brigade de Légion Etrangère de relever le BM21.
La relève commence par la cime de Pézurbe où s'installe une Compagnie de Légion, la 1ère Compagnie du BM21 restant en soutien à Campeï à quelques distances en arrière pour permettre à la Légion de consolider progressivement son dispositif.
Effectivement à l'aube du 20 avril une contre-attaque allemande surprend la Légion à Pézurbe, mais se heurte à la 1ère Compagnie du BM21 à Campeï et est stoppée après une dure lutte au corps à corps au cours de laquelle le Capitaine Gory est gravement blessé. Pour l'évacuer ainsi que les autres blessés il faudra plus de 20 heures de brancardage sur pistes de montagne : cela donne une idée de la difficulté du terrain dans lequel le Bataillon évolue depuis le début de l'offensive des Alpes.
Et cela sera le dernier combat du BM21.
Début mai il franchira les Alpes et c'est dans un petit village de Lombardie sur la route de Léni qu'il fêtera la fin de la guerre.
Le 11 juin, il se trouvera dans la région parisienne avec toute la DFL.
Et il sera alors le 3e Bataillon du 1er Régiment d'Infanterie Coloniale qui gardera la flamme et le souvenir de la grande aventure commencée sur les roches pelées de la Côte des Somalis, poursuivie dans les sables nord-africains, les lourdes collines italiennes, les pinèdes toulonnaises, les bois des Vosges et de l'Alsace, et terminées sur les crêtes enneigées des Alpes.