Le 2 janvier 1945, la 1e DFL, après un retour rapide de Jonzac, se trouve en ligne sur quarante kilomètres entre Selestadt et Plobsheim, pour conserver la capitale alsacienne en exécution des ordres du général de Gaulle. Les mesures prises se traduisent sur le terrain par l'extension du secteur de la Division jusqu'à Ostheim, à 12 km. au sud de Selestadt.
Du sud au nord, le dispositif est le suivant : 1e Brigade sur l'Ill, tient Selestadt. Ensuite la 2e Brigade prolonge la défense jusqu'à Ebersmunster; un Groupement 8e RCA. avec le 3/13 est installé à Kogenheim où il fait la liaison avec la 4e Brigade que renforce la Brigade Alsace-Lorraine. Cette Brigade occupe le terrain entre l'Ill et le canal latéral du Rhin sur des avant-postes que l'on n'a pas voulu céder à l'ennemi.
L'attaque allemande se déclenche le 7 janvier. Deux colonnes solidement étoffées en chars (Brigade Feldhernhalle) foncent vers le nord parallèlement au Rhin. La 4e Brigade subit le choc, arrête in extremis (BM 21 et Brigade A.L.) les chars de pointe allemands sur l'Ill. Les centres de résistance d'Obenheim Boofzheim (BM 24) et de Rossfeld Herbsheim (BIMP) résistent durant trois jours aux assauts allemands. Le BM 24 finit par être submergé malgré les contre-attaques de la 1e Brigade (BM 11, 8e RCA., 1e RFM).
Le BIMP, un moment renforcé par des éléments des FTA et du 22e BMNA, doit être relevé. Une opération exécutée avec des blindés du Groupement Mozat de la 5 DB du 8e RCA et du 1e RFM, et les parachutistes du 1e RCP, permettent de faire relever le BIMP par le 1/13. Mais le 11, la chute d'Obenheim rend inutile le maintien de ce bataillon de Légion en avant de la ligne de résistance de l'Ill. Il exécute donc son repli dans la nuit du 10 au 12.
L'offensive ennemie est définitivement arrêtée le 13 janvier.
Cette victoire défensive de l'Ill qui sauve Strasbourg est à peine terminée que la 1e DFL, malgré les pertes qu'elle vient de subir, est engagée dans la bataille de Colmar.
Le 20 janvier, les 1e et 2e Brigades sont en place au sud de Selestadt. Elles ont pour mission de couvrir le flanc nord de la 3e DIUS chargée d'ouvrir la route à la 5e DB. Inversement, les Allemands fourniront leur effort principal contre la 1e DFL.
Il s'agit pour eux, dans un premier temps, de bloquer l'offensive de la 1e Armée en conservant le môle de résistance des bois au sud de Selestadt, puis, dans un deuxième temps, d'empêcher cette offensive alliée de couper en deux la "poche de Colmar". Leur action visera à gagner le temps nécessaire à l'évacuation des troupes allemandes de la partie nord.
Le 23 janvier, la 1e DFL attaque. La 2e Brigade traversant les terrains inondés ou couverts de neige, parsemés de mines indétectables, franchit en canot l'Ill et toutes les rivières glacées qui coulent perpendiculairement à la direction de l'assaut. Vers le milieu de la nuit, le bois de l'Illwald est conquis.
De son côté, le 1/13 s'empare en un coup de main à l'aube d'Illhausern, faisant quatre-vingts prisonniers, mais il ne peut déboucher sur Elsenheim.
Quatre jours durant, les deux brigades attaquent, subissant des pertes et ne pouvant déboucher. Les 2/13 et 3/13, jour après jour, s'épuisent face à un ennemi tenace dont les postes de combat sous rondins abritent les armes automatiques ou des chars puissants.
Le 27 janvier au matin, les blindés amis attaquent de flanc le bois d'Elsenheim, permettent enfin au 3/13 de déboucher. Les 1e et 2e Brigades arrivent sur la Blind et le 28 janvier la bataille atteint son point culminant. Sous la protection du 1/13, le Bataillon du Génie jette un pont, sous le feu, sur la Blind.
Nos unités résistent encore à trois journées de violentes contre-attaques allemandes et le 31 janvier, face au nord, notre ligne avancée est jalonnée par les villages d'Heidelsheim, Ohnenheim, Marckolsheim. Le 1e RFM et le 8e RCA tendent la main à la 2e DB vers Sundhouse L'exploitation commence. Au soir du 11 février, la DFL est au bord du Rhin sur tout son front.
Sur les 5 400 pertes de la Division pendant ce mois de janvier, les formations de Légion comptent pour un total de 1 036. C'est donc une Division saignée à blanc qui est venue à bout d'un ennemi solidement organisé et bien décidé à se battre.