| | | | | | Les Spahis l'appelèrent "automitrailleuse" comme celles qu'ils utilisaient auparavant, mais en fait, la M8 était une "autocanon". En 1941 l'Armée des Etats Unis commanda l'étude d'un engin blindé léger à roues comportant une tourelle dotée d'un canon de 37 mm pour en faire un antichar rapide. Avant juin 1942, un prototype 6 roues motrices fut choisi et a été nommé M8.
La M8 est entrée en service dans l'armée des USA au début de 1943 et a été largement employée par les unités de Cavalerie Mécanisées, remplaçant le vieillissant "Scout Car" M3A1. La Société Ford de St Paul, dans le Minnesota, construisit plus de 8 500 M8 entre 1942 et 1943. Un certain nombre furent destinées aux Anglais dans le cadre de la loi Prêt-Bail. Ce sont eux qui l'ont surnommée "Greyhound" (c'est une race de lévriers).
Les Spahis de la 2e DB Française ont été équipés de 68 M8 réparties entre 4 escadrons et de 4 M20 (la même caisse mais sans tourelle et sans canon) pour l'escadron hors rang. Un escadron de Fusiliers Marins de la 2e DB fut lui aussi équipé de 17 M8. |
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| | La M8 était constituée d'une coque soudée d'une épaisseur moyenne de 19mm. Un canon de 37mm M6 (aussi employé sur le char léger Stuart) était monté sur la tourelle centrale ouverte. La M8 était capable de se déplacer à 90kmh sur de bonnes routes. La faible épaisseur du blindage, impérative pour atteindre cette vitesse, et le manque d'efficacité du canon contre les blindages allemands, faisait de la M8, un engin adapté uniquement aux missions de reconnaissance et d'escorte, soit les fonctions habituelles d'une automitrailleuse. |
| | L'intérieur était peint en blanc, à part l'intérieur des volets de sortie qui étaient verts, comme les surfaces intérieures autour des têtes du conducteur et du radio.
Le moteur, un Hercule JXD à essence, 5 litres répartis sur six cylindres en ligne, développait 110 chevaux. Avec son faible taux de compression de 6,5 à 1, il était capable d'utiliser un carburant à bas taux d'octane. Un réservoir de 212 litres, auto-obturant comme sur les avions, lui donnait une autonomie de 560km. Chacun des trois ponts était actionné par des arbres séparés à partir de la boite de vitesse, la transmission avant pouvant être débrayée pour les longs trajets sur route. Des chaînes sur les roues s'avérèrent très utiles pour les déplacements en "tous terrains" boueux. La boite de vitesse était synchronisée et le changement de rapport pouvait se faire sans double débrayage alors que ce n'était pas le cas sur la plupart des autres véhicules. Elle disposait de 4 rapports en avant et 1 en arrière doublés par un sélecteur lent/rapide. Les Spahis regrettèrent l'inverseur de leurs anciennes Panhard du début de la guerre qui permettait de repartir en arrière à toute vitesse si le premier obus ennemi n'avait pas fait mouche.
Le fusilier marin Philippe de Gaulle propose toutefois une parade à ce problème dans son livre "Mémoires accessoires" :
A un kilomètre environ de Brethenay, vers la cote 296, nous stoppons pour observer les lisières du village sans rien y noter de suspect. Mon adjoint, Philipphidis, me propose de s'y rendre avec une Jeep blindée. Je me place à une centaine de mètres derrière pour l'appuyer avec ma M8, dénommée " Nid de pie ", et son canon de 37 mm. Cet engin à six roues est une mauvaise automitrailleuse faite pour les grands espaces du Texas ou de Libye. Elle est trop lourde en terrain humide et son rayon de giration, trop considérable, empêche de faire demi-tour sur la largeur d'une de nos routes françaises. Elle ne dispose pas du renversement de marche avant-arrière des anciens blindés français qui permet de se dégager rapidement si un antichar adverse se dévoile. Pour pallier ce défaut, il nous arrive souvent de retourner préalablement le véhicule, l'arrière vers l'ennemi. On peut marcher ainsi assez vite (dix à quinze kilomètres à l'heure) sur un kilomètre environ. |
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| | Non, ça c'est une M20
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En plus du canon principal M6 de 37mm, il y avait une mitrailleuse M1919A4 calibre 30 (7,65mm) coaxiale et sur quelques-unes, une mitrailleuse M2 calibre 50 (12,7mm) pour la défense antiaérienne montée sur un support à l'arrière de la tourelle. Des modèles postérieurs reçurent un support amélioré en anneau pour le calibre 50 qui pouvait ainsi tourner autour de la tourelle. Le canon de 37mm était obsolète contre la plupart des blindés allemands, mais il était plus efficace contre les blindages japonais dans la région du Pacifique
Des coffres de rangement étaient intégrés dans les garde-boue. Toutefois, dans les conditions de combat, ces garde-boue ne restaient pas longtemps en place, car ils étaient facilement endommagés et enlevés. Il n'était pas inhabituel de voir une M8 aguerrie, quelque part en Europe, avec tous les garde-boue démontés.
L'équipage devait attacher ses sacs à l'extérieur du véhicule car il n'y avait pas beaucoup plus de place à l'intérieur que pour les 4 hommes d'équipage prévus dans une M8. |
| | La tourelle était ouverte comme sur le chasseur de chars "Destroyer" des Fusiliers Marins de la DB (conçu à la même époque pour un but semblable). Elle permettait une meilleure vue pour l'équipage à la recherche des cibles ou manoeuvrant pour éviter la riposte. Un toit partiel fournissait une protection à l'avant et une toile goudronnée était prévue pour couvrir le reste de la tourelle en cas de mauvais temps, mais elle a été enlevée ensuite. Bien sûr, la tourelle pouvait recevoir une grenade à l'occasion.
Les écoutilles n'étaient pas étanches à l'eau, il n'y avait aucun joint en caoutchouc et lors d'une averse, l'eau coulait sur le dos du conducteur. Ajouté au manque de couverture pour la tourelle et au médiocre système de chauffage, ce furent des conditions difficiles pour se battre sous la pluie et la neige de l'hiver 44/45. |
28 décembre 44, cercueils de Spahis du 7e Escadron du 1er RMSM, transportés par les "Greyhound" du 4e Escadron | | |
| | Données Techniques : |
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