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BIOGRAPHIE SUZANNE GALLANT GAINCHE 1906-1968
Elle naquit à Calais en 1906 où son père, Lucien Gallant (1882-1945) est ouvrier tulliste : perceur de cartons servant au dessin de la dentelle, un artiste dans sa spécialité. Il a 5 enfants : Lucien, Jeanne, Suzanne, Cécile et Marcel.
Au début de la première guerre mondiale, suite à l’avancée allemande dans le nord de la France, la ville de Calais est évacuée, Lucien Gallant se replie avec toute sa famille en Bretagne.
Suzanne Gallant s’installe à Rennes en 1930 au 10, rue Gurvand, à côté de la gare, derrière les Champs Libres et tout prêt du square actuel des martyrs de la Résistance.
Suite à sa rencontre en 1936 avec Maurice Gainche, nommé bibliothécaire à Alençon, elle crée un salon de coiffure au 22, rue du Collège.
UN REPAIRE DE RESISTANTS
La guerre arrive puis les allemands envahissent la France… Sous la houlette de Maurice Gainche, surnommé Le Danseur, ancien du 1er régiment de chasseurs à cheval, spécialiste des transmissions, le 22 rue du Collège à Alençon devient en 1942 puis 1943 un repaire de résistants. C’est un défilé de personnes inconnues faisant leurs apparitions pour envoyer des messages en Angleterre :
Un très brave garçon « Risette », spécialiste radio ; Albert un vrai « Chti », professionnel de l’espionnage, ancien de la guerre d’Espagne « une grande gueule , un culot invraisemblable, vêtu d’une superbe veste de cuir avec une étiquette anglaise, visible dès qu’il ouvrait son vêtement », un autre avec une belle paire de souliers de troupier anglais ; Bertrand d’Avenas, gentilhomme d’une famille originaire de Laval, un homme charmant ; un autre quidam dont une rue de Laval doit porter le nom *
Au printemps 1943 se produit un incident qui aurait pu être tragique. Alors que le fameux Albert arrivé avec un collègue se réunissaient avec Maurice Gainche au premier étage pour passer des messages, une patrouille allemande, à la recherche de fugitifs, accompagnée d’un Feldwebel -Sergent- tenant un énorme chien loup, frappe à la porte du salon de coiffure du rez-de-chaussée et demande à visiter la maison. Ne perdant pas son sang froid, Suzanne Gallant les accueille avec politesse, leur fait visiter le salon de coiffure, la cuisine du rez-de-chaussée, la cour, la petite maison dans la cour, les écuries, la cave… tout en prenant son temps. De retour dans le passage cocher, elle les invite à monter l’escalier en leur précisant de bien vouloir s’essuyer les pieds car, leur dit-elle, « c’est moi, messieurs qui cire les escaliers ». Devant tant de civilités, ces messieurs la remercient pour sa coopération et repartent dans la rue. Pendant ce temps là les visiteurs du premier étage ne s’étaient aperçus de rien… Quelle chance !
Suzanne sera arrêtée fin 1943, deux mois après Maurice par Christian Masuy**, un belge du nom de Georges Delfanne, grand pratiquant sinon inventeur du supplice de la baignoire, un homme au regard terrible ; « toute ma vie je me rappellerai ce regard » (cf. Claude Gallant).
De retour des camps de concentration, elle retrouve son salon de coiffure.
Lettre du 3 février 1946 : « Je continue à travailler comme dans le temps, jusqu’à 9 heures du soir, j’ai fait 7 permanentes dans la journée. Toutes les anciennes clientes sont revenues depuis que j’ai repris le salon… ».
Dans les années 1960 Maurice Gainche, diplomate, est nommé à l’Ambassade de France du Mali. Suzanne accompagne son mari à Bamako.
En retraite à Trôo, dans le Loir-et-Cher puis à Mer, près de Blois, ils retrouvent leur fils Claude Gallant (1925-2017), ancien des maquis de Corrèze, libérateur de Pulversheim, président des Etablissements Allion Droguerie Blésoise.
Suzanne et Maurice Gainche Gallant, disparus en 1968 et 1975, reposent pour l’éternité dans l’allée principale du cimetière de Blois-Ville.
DLD
* Témoignage de Claude Gallant fils de Suzanne
** Masuy, le traite belge, sera fusillé le 01/10/1947 Dominique GALLANT le lundi 12 février 2018 Contribution au livre ouvert de Suzanne Gallant épouse Gainche | |