Contributions - Les Français Libres

Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943

 
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Originaire des marches de l’Est, Henri Duvillard est né à Luxeuil-les-Bains, dans une famille d’hôteliers de cette station thermale qui avait compté neuf enfants et qui a payé un lourd tribut à la Patrie car l’un de ses frères, le caporal Joseph Duvillard tombera au Champ d’honneur en Champagne, en 1915. Il était décoré de la Médaille militaire et de la Croix de guerre.

Élevé dans le culte de la Patrie, au sein d’une famille exemplaire, Henri Duvillard a été marqué toute sa vie par l’éducation sans faille qu’il a reçue de ses parents. « Mon père - aime-t-il à dire - a toujours enseigné à ses enfants le mépris des bassesses et la grandeur du pardon. C’est la règle de ma vie, c’est ma force ».

Il n’y faillira pas. 1939 amènera la mobilisation de quatre frères dans des unités combattantes. L’un sera blessé, un autre fait prisonnier et le plus jeune, Robert, engagé dans la Royal air force, finira sa carrière dans l’armée française, comme colonel aviateur. Henri Duvillard est présent, dès le 2 septembre 1939, à la compagnie d’engins de la 23ème demi-brigade de chasseurs à pied, unité d’élite qui se distinguera d’ailleurs dans des combats désespérés pendant toute la campagne de France, jusqu’à son anéantissement par l’ennemi le 20 juin 1940. Elle fut citée à l’ordre de l’armée en ces termes : « Magnifique unité digne des plus hautes traditions chasseurs »

Grièvement blessé le 8 juin 1940 à Lignières-le-Roi, dans la Somme, le chasseur à pied de 1ère classe Henri Duvillard, pour son ardeur au combat et son courage, fait l’objet de la citation suivante, à l’ordre du régiment :

« Télémétreur qui a donné à ses camarades un bel exemple de courage ; a été blessé le 8 juin 1940 par le bombardement alors que son groupe de mortier accomplissait un tir délicat, malgré la violence du feu de l’ennemi. »

Après sa guérison, il est démobilisé le 28 août 1940, à Grenoble, et se voit rapidement contraint, de par les séquelles de sa blessure, à renoncer à ses anciennes activités professionnelles.

Henri Duvillard souffre des malheurs qui frappent la nation et tout particulièrement la jeunesse désemparée et exposée à l’action néfaste de l’occupant et de ses valets. Organisateur, meneur d’hommes, il décide de se consacrer à aider cette jeunesse privée de ses guides naturels : il entre donc dans l’organisation des centres de jeunesse et reçoit du comité Sully la direction du centre de formation professionnelle d’Arnouville - auquel il donnera ultérieurement le nom de son ami disparu Jean Riou, du Réseau Vengeance - C’est dans ce centre que seront accueillis les jeunes sans famille ou de familles malheureuses, de jeunes israélites et plus tard de nombreux réfractaires au S.T.0. Ainsi Arnouville deviendra une magnifique école d’apprentissage et un ardent foyer de résistance.

Tout naturellement dans ce foyer ainsi retrouvé, cette jeunesse sent vibrer en elle sa foi en la Patrie et son désir de la servir. Il sera pour elle le guide, le chef qu’elle appelait de toutes ses forces pour lui indiquer le chemin de l’honneur et lui permettre de participer activement à l’action à entreprendre, non seulement pour résister à la pression de l’occupant, mais pour aider à le chasser hors de nos frontières.

La tâche n’est pas facile et Henri Duvillard se trouvera souvent dangereusement confronté à la hiérarchie des centres de jeunesse, en particulier par son refus énergique et répété d’appliquer certaines directives absolument ignobles de Vichy concernant les jeunes israélites admis sous sa responsabilité dans son centre.

Mais cette générosité n’est pas orthodoxe aux yeux de Vichy. En 1941, au cours d’une session de cadres au centre de Marly, le chef de centre de Brévannes, connu pour ses sentiments proallemands, s’élève publiquement contre les chefs qui accueillent dans leurs centres de jeunes juifs. Duvillard est de ceux-là. Va-t-il encaisser en silence, tout en se réservant de continuer ? Non, ce n’est pas son caractère. Il se lève et dans le plus grand silence, il répond à son camarade : « ceux qui pourchassent et persécutent les juifs ne sont pas dignes d’être Français. Mon sentiment national et ma foi chrétienne me font un devoir de leur tendre la main. J’aimerais mieux quitter mon centre immédiatement que de me rendre complice de mesures qui ne sont ni françaises, ni humaines. »

Grâce au patriotisme du délégué régional, cette affaire fut classée, avec un blâme verbal... pour la forme.

Henri Duvillard ira plus loin dans son action et dès janvier 1941, avec un groupe d’amis et Germaine Duvillard, il crée le premier noyau de résistance qui sera ensuite rattaché aux Corps Francs Vengeance du Loiret et au réseau Jean-Marie.

L’action est engagée. Il serait trop long ici d’en énumérer toutes les péripéties et je me contenterai de souligner qu’elle fut tout particulièrement efficace, mais combien dangereuse : recherches de renseignements, émissions radio, harcèlement, sabotages, parachutages, transports d’armes, dissimulation de réfractaires, secours aux aviateurs alliés tombés sur le sol national.

Les Corps Francs Vengeance d’Arnouville peuvent être fiers de leur devise « Du coeur, du cran ».

Dès juin 1944, après le débarquement, il fonde le maquis de la Juine où se regrouperont les plus compromis, les réfractaires et même des combattants anglais et américains. L’heure de la libération approche et les Corps Francs Vengeance harcèleront sans répit l’ennemi, de jour et de nuit, apportant tout leur appui aux premiers éléments de l’armée américaine. Ils ont écrit une belle page dans l’histoire de la Résistance.

Cette brillante conduite1 des combats de l’ombre de l’agent P2 Henri Duvillard, puis lieutenant des Forces Françaises de l’Intérieur, sera sanctionnée par la citation à l’ordre de la division, en date du 15 avril 1945, au titre de la Résistance :

« Membre de la Résistance depuis trois ans, a organisé dans sa région pour le compte des Corps Francs Vengeance toutes les opérations de parachutage et de transport d’armes sous l’occupation allemande. A recruté et commandé pendant les semaines de la Libération, un groupe de combat qui s’est particulièrement distingué le 19 août 1944, en anéantissant un détachement motorisé allemand. A toujours apporté dans l’accomplissement de ses missions un grand courage et un ardent patriotisme. »
Signé général Delmas.

Les titres de guerre d’Henri Duvillard sont particulièrement élogieux :

- Médaille militaire,
- Croix de guerre, deux citations,
- Croix du combattant volontaire de la Résistance,
- Croix du combattant de la guerre 1939-1945,
- Croix du combattant volontaire 1939-1945,
- Médaille des blessés de guerre,

et il a eu le grand honneur de recevoir des mains du général De Gaulle la Médaille de la Résistance, le 18 avril 1948, à Marseille, au cours d’une cérémonie patriotique, devant le char Jeanne d’Arc au pied de Notre-Dame-de-la-Garde.

Tel fut, Mesdames et Messieurs, le soldat auquel je vais avoir la joie d’épingler, dans quelques instants, la croix de l’honneur bien méritée. Toutefois et en guise de conclusion, il me plait de souligner que, la paix revenue, Henri Duvillard. citoyen aux qualités exceptionnelles, se mettra une fois de plus au service de son pays et sera choisi pour occuper d’importantes fonctions dans des cabinets ministériels, dont en tout premier lieu, auprès du général De Gaulle, comme orateur national du R.P.F. avant d’être élu député du Loiret en 1958 et brillamment réélu jusqu’en 1978, date à laquelle il décide de ne plus se représenter aux élections pour des motifs qu’il estime conformes à ses convictions.

En 1967, le général l’appelle aux fonctions de ministre des Anciens Combattants, où le maintiendra par la suite le Président Georges Pompidou, jusqu’en juillet 1972, faisant ainsi de Henri Duvillard celui qui, de tous les ministres des Anciens Combattants, assura le plus longtemps cette lourde et noble mission.....

Source : 

Laurent Laloup le jeudi 28 juin 2007

Contribution au livre ouvert de Henri André Albert Duvillard

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