Histoires de Français Libres - Intermède - Et bérets noirs

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Intermède

 

Dans "Calots rouges et bérets noirs"

 

Ce texte a été publié dans la "Revue de la France Libre", n°55, 56 et 57 de février, mars et avril 1953, sans précision du nom de son auteur, le colonel Robert de Kersauson.

"Seule l'inaction est infamante"


L'itinéraire de la Colonne Volante Française Libre

La cavalerie, héritière de tant de gloire et de sacrifices, ne pouvait être absente des champs de bataille de la France Libre et laisser aux seuls légionnaires, marsouins ou bigorres, l'honneur de prouver la justesse de cette phrase citée par son règlement "le plus persévérant l'emporte".

Certes, ce n'est que tardivement que naquit le Régiment de Marche de Spahis Marocains, unique corps de cavalerie des Forces Françaises Libres. Son acte de naissance, en l'espèce le décret prescrivant sa création, est daté du 25 septembre 1942. Mais cela ne signifie point que la France Libre ne comptait pas des cavaliers dans ses rangs, ni que des unités de cavalerie n'avaient déjà combattu sous le signe de la Croix de Lorraine.

Dès le 30 juin 1940, l'escadron Jourdier, 1e Escadron du 1er Régiment de Spahis Marocains, répondait à l'appel du Général de Gaulle et rejoignait en Palestine ceux qui avaient compris que si la France avait perdu la bataille, elle n'avait pas perdu la guerre.

Les alliés n'étant pas en mesure de fournir du matériel moderne à cette unité, c'est à cheval que le Capitaine Jourdier mène ses spahis à travers le Soudan anglo-égyptien et l'Erythrée italienne. Plus tard, c'est porté sur camions qu'il combattra en Syrie.

Se motorisant progressivement avec du matériel récupéré en Syrie, le Groupe d'Escadrons de Spahis envoie dès le début de 1942 une antenne en Libye sous forme d'un peloton d'autos-mitrailleuses "Dodge-Tanaké" qui rejoint la brigade Koenig à Bir-Hakim. Sous les ordres du Capitaine de Courcel, ce peloton participe à toutes les patrouilles des "Jock Columns" que la brigade envoie battre l'estrade du vaste no man's land où tâter le flanc de l'Afrika-Korps. Le peloton quitte Bir-Hakim au début de mai 1942, quelques semaines à peine avant le déclenchement de l'assaut de Rommel, pour rejoindre en Egypte les groupes de reconnaissance Jourdier et Kersauzon qui se forment près du Caire.

Poussés vers Bardia au cours de la bataille de Gazala, les GR protègent le repli de la VIIIe Armée sur la position d'El-Alamein. Puis ils rejoignent les environs du Caire où ils sont enfin équipés en matériel britannique.

Ce matériel d'ailleurs est loin d'être moderne. C'est l'Armoured Car Marmon-Harrington dont la silhouette et, hélas, les qualités rappellent beaucoup notre vieille "White", ancêtre des autos-mitrailleuses. Certes, ses deux essieux sont moteurs, ce qui le rend un peu plus tout terrain que son devancier, mais il n'a pas d'inverseur, son moteur manque de puissance, son blindage n'a que six millimètres et se trouve à la merci de n importe quel éclat d'obus, son armement, enfin, est bien léger avec le fusil-mitrailleur Bren et le fusil antichar Boyds.

Qu'importe ! La plupart des régiments de reconnaissance britannique du Moyen-Orient sont dotés du même matériel. La perception de ces coquilles de noix est un gage qui permet d'espérer un proche engagement dans les opérations actives. Certes, l'armement mis à la disposition des spahis est un peu léger, mais le système D est là. Quelques canons de 25 mm récupérés en Syrie après le départ des troupes du Général Dentz sont montés sur les tourelles des Marmon-Harrington. Le Lieutenant Conus, conçoit et réalise dans les ateliers de Tel El Kébir son "Conus-Gun", l'heureux cocktail du chassis Ford ou Chevrolet, de l'embase de tourelle du char italien M 13 et du canon de 75 mm. modèle 1897, celui-ci bien français. L'adjonction de quatre Conus-Gun à chaque GR renforce singulièrement leur puissance de feu, car cet engin est un véritable chasseur de chars, l'autocanon de cavalerie dont les cavaliers blindés rêvaient jadis sur les terrains de manoeuvre de Mourmelon et autres Mailly.


Un "Conus Gun"

Le GR Kersauzon est équipé le premier et dès la fin août il est poussé avec la Compagnie de chars Divry sur El Amria d'abord, sur Samaket El Gueballa ensuite, où il rejoint les "Rats du Désert" de la 7e Division Blindée Britannique.

Il prend alors le nom de "Fighting French Flying Column" - Colonne Volante Française Libre - nom sous lequel le 1er RMSM. et la 1re Compagnie de Chars seront connus pendant tout leur séjour à la VIIIe Armée.

En septembre, la Colonne Volante passe aux ordres de la Brigade Koenig qui vient prolonger jusqu'à la dépression de Quattara le dispositif britannique.

C'est la période de patrouilles soit dans le no man's land, large dans cette zone de quelque huit à dix kilomètres, soit sur les flancs du dispositif ennemi. Des patrouilles se glissent par la dépression de Quattara et remontent sur le plateau d'El Taqa derrière les lignes germano-italiennes pour renseigner sur les déplacements des éléments ennemis et sur leur activité.

Chacun sent proche la grande bagarre qui une fois de plus opposera la VIIIe Armée à l'Afrika-Korps et remettra en marche la pendule qui a déjà oscillé si souvent dans le désert. La force imprimée au balancier sera-t-elle assez grande cette fois pour lui permettre de franchir le goulot fatidique d'EI Agheila ? Chacun l'espère et la vue des effectifs et du matériel qui s'accumulent entre le Nil et la position d'EI Alamein est propre à augmenter cet optimisme.


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Dernière mise à jour le jeudi 07 février 2008


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